Des démagogues qui ne pensent qu’à eux
À près moi le déluge ! La formule fait assurément partie du logiciel des hommes et femmes politiques, aveuglés qu’ils sont par leur ego surdimensionné, surtout lorsque les circonstances ne leur sont plus favorables. De récents événements illustrent à merveille cette caractéristique :
– Juin 2024 : l’enfant-président Macron, vexé de la débâcle de ses idées aux élections européennes, casse son jouet et dissout, dans l’heure qui suit les résultats et sans concertation préalable avec quiconque, l’Assemblée nationale.
– Novembre 2024 : le vieillard-président Biden, vexé de sa mise sur la touche et des piètres résultats de son parti aux élections américaines, décide tout seul d’autoriser l’Ukraine à utiliser des missiles longue portée contre la Russie et de débloquer des millions de dollars supplémentaires pour soutenir l’effort de guerre ukrainien, au mépris des risques inhérents à de telles prises de position. Sans doute estimait-il indigne de sa personne de se contenter de gérer les affaires courantes en attendant l’arrivée de son successeur.
– Décembre 2024 : la future ex-candidate à la prochaine élection présidentielle française, Marine Le Pen, vexée de la menace d’inéligibilité que fait peser sur elle la justice, ne trouve rien de mieux, pour se venger, que de s’allier à LFI pour faire tomber le gouvernement Barnier.
On pourrait, dans l’histoire récente comme ancienne, trouver quantité d’exemples de ce type de comportements chez nos « élites ». Mais ce qui ressemble à un baroud d’honneur – pitoyable – chez Macron et Biden s’apparente plus, à mon sens, à une balle dans le pied chez Marine Le Pen : elle n’avait pas le droit, par pure démagogie électoraliste, d’aider la gauche de LFI à atteindre son principal objectif de chaos et d’ajouter le désordre à la crise économique, sociale et sociétale qui secoue notre pays. D’autant que les raisons avancées de sa décision, si elles sont respectables, ont toutes trait au pouvoir d’achat des Français, sans la moindre référence à leurs préoccupations identitaires auxquelles, il est vrai, le gouvernement Barnier n’avait pas concrètement répondu pour le moment, si ce n’est au travers des déclarations lucides et courageuses du ministre de l’Intérieur Retailleau, mais rien ne laisse supposer qu’un futur gouvernement sera plus efficace en ce domaine – au contraire.
Quelles sont donc les motivations profondes de ces comportements que nous dénonçons ? Nous n’y voyons que l’ivresse (le mot est juste) du pouvoir, associée à une idée excessivement haute de soi-même et de ses propres capacités qui font croire qu’on a toujours raison, même contre le reste de l’humanité tout entière.
Pour Marine Le Pen, qui, des trois, est la seule qui avait encore un avenir politique, s’ajoute une manœuvre politicarde, exclusivement centrée sur elle-même : elle voit dans cette censure et la chute du gouvernement Barnier un inéluctable et proche – mais très, très hypothétique – départ du Président Macron, qui provoquerait la tenue d’une élection présidentielle anticipée, dont, avec un peu de chance, le deuxième tour pourrait se tenir avant que ne tombe à son encontre une sanction d’inéligibilité qui reste plus qu’éventuelle, même si les gens de bon sens la condamnent.
Et l’intérêt général dans tout cela ? Et le bien-être du peuple ? Et l’avenir de la France ? Force est de constater à nouveau – nous le savions déjà – que ces notions sont à cent lieues des préoccupations des élus. Il reste que Marine Le Pen qui a, pour satisfaire ses ambitions personnelles, préféré condamner ceux qui la respectent et s’acoquiner avec ceux qui ne lui serrent pas la main, et qui peut-être ne voteront pas la censure du RN après que les députés RN auront voté la leur, a sans doute, indépendamment de la sanction à venir, hypothéqué ses dernières chances d’être un jour présidente de la République, objectif de toute une vie.
Si elle a fortifié son socle électoral, elle peinera en effet, alors qu’il le lui faudrait pourtant, à ratisser (beaucoup) plus large, car, considérée comme responsable des probables turbulences à venir, elle aura figé son plafond de verre, positionnant le RN comme un parti exclusivement d’opposition.
Laisser un commentaire