Des idées « nauséabondes » ou un débat rationnel ?

Des idées « nauséabondes » ou un débat rationnel ?

Comme j’envoie quelques millions de courriels chaque mois pour les divers sites internet que je dirige, il m’arrive de recevoir des noms d’oiseaux de la part de gauchistes grincheux.

Mon estimation n’est pas particulièrement scientifique, mais je dirais volontiers qu’entre 5 et 10 % des personnes qui suivent ce que nous écrivons le font pour nous enguirlander – ce qui, soit dit en passant, est une étrange façon de perdre son temps. Cela dit, je ne me permettrais pas de critiquer puisque je suis, moi aussi, contraint de suivre ce que racontent les médias dominants – dont je ne pourrais pas prétendre que je suis d’accord avec eux sur tout !

En tout cas, j’ai pris l’habitude de ces insultes.

Bien sûr, ce n’est jamais agréable de se faire insulter. Mais ces réactions épidermiques ne me font plus ni chaud ni froid.

Pourtant, j’essaie de les lire le plus souvent possible – à la fois pour connaître l’adversaire et parfois pour nous améliorer (contrairement à la secte médiatique, je ne crois pas que les adversaires aient systématiquement tort sur tout et, quand on m’offre, plus ou moins aimablement, une occasion de progrès, je la saisis volontiers).

Or, tout récemment, j’ai reçu un courriel tout à fait étrange. Pour une fois à peu près correctement orthographié, mais n’évoquant rien de précis (au point que je ne sais pas de quel site ou de quel article il s’agissait, mais j’imagine que cela doit pouvoir s’appliquer à tous, ou peu s’en faut).

Mon interlocuteur m’y indiquait qu’il considérait mes publications comme « nauséabondes » et ne voulait avoir aucun lien (pas même celui de la logique ?) avec mon « mode de pensée rétrograde ».

Cette rhétorique est tout à fait extravagante.

Même si elle est par ailleurs fort commune sur les plateaux télévisés, elle repose sur un curieux rapport à la vérité.

D’abord, la vérité ne se renifle pas : des idées ne peuvent donc pas être nauséabondes – pas plus qu’agréables à humer. Elles sont vraies ou fausses.

Quant aux idées rétrogrades, là aussi, cela me laisse perplexe : Aristote ou Jésus-Christ sont-ils devenus idiots parce qu’ils ont parlé voici 25 ou 20 siècles ? Ce qu’ils disaient alors est-il devenu faux ?

Naturellement, l’ancienneté d’une idée n’a rien à voir avec sa fausseté ou sa vérité.

Mais il est vrai qu’il est plus facile de dire que vous refusez une idée parce que vous la trouvez « nauséabonde » ou « rétrograde » que de tenter de montrer en quoi elle est fausse – et c’est bien pour cela que le qualificatif est si répandu parmi la caste jacassante. Mais, alors, il ne faut s’étonner que la société soit aussi de plus en plus violente : si l’on écarte par principe le débat rationnel, ne restent plus que les invectives, en attendant les conflits armés !

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