La France en Afrique

La France en Afrique

En 2013, à la demande du gouvernement malien, nous sommes intervenus pour stopper la progression de groupes djihadistes vers la capitale.

À cette intervention ponctuelle couronnée de succès, a succédé un engagement plus important et durable, qui s’est étendu à tout le Sahel, dans le but de lutter contre le terrorisme perpétré par la nébuleuse islamique.

Outre le souci d’honorer nos engagements avec les États africains auxquels nous liaient des accords particuliers, l’intérêt français avoué dans cette affaire était de contribuer ainsi indirectement à la lutte contre le même djihadisme terroriste sur le sol national.

Le moins qu’on puisse dire, c’est que cette relation n’était pas évidente. En quoi aurait-elle pu l’être alors que, en même temps, rien n’était fait à domicile pour endiguer le flot d’immigrants alimentant le réservoir dans lequel se recrutent les terroristes ?

Au fil du temps, nos forces se sont enkystées sur place dans une mission de destruction des bandes islamistes.

Certes, il y eut de nombreux engagements couronnés de succès, mais comment imaginer une action globale victorieuse avec 5 000 hommes répartis sur un territoire grand comme six fois la France, sans soutien notable des armées occidentales, et au côté d’armées locales à la médiocrité apparemment sans remède ?

De fait, près de 10 ans plus tard, aucun progrès décisif !

Tout au plus pouvons-nous nous prévaloir d’avoir endigué la progression islamique ; succès mitigé qui n’éloignait pas le spectre d’un enlisement sans fin, contribuant à ce que nos soldats finissent par être considérés comme une armée d’occupation par des populations travaillées par l’activisme russe des milices Wagner.

Puis nous avons été chassés du Mali et du Burkina Faso. Un troisième coup d’État, très récent, au Niger, a amené au pouvoir une junte qui nous demande aussi de partir.

La France, dans une de ses crises de prosélytisme démocratique hors du siècle, argue qu’elle n’a pas à obtempérer aux ordres des usurpateurs, et qu’elle n’accorde crédit qu’aux décisions du président normalement élu et actuellement emprisonné.

Est-ce bien raisonnable ?

Notre guerre anti-djihadiste au Sahel est perdue. La seule question à se poser est : est-ce que les rares bases que nous possédons en Afrique sont importantes dans notre dispositif militaire mondial compte tenu de notre politique générale de défense.

Si oui, il faut faire comme les États-Unis font pour leur base au Niger ; s’accommoder du pouvoir en place – quel qu’il soit. C’est en outre, accessoirement, la meilleure façon de conserver sur place des forces susceptibles de protéger nos ressortissants, et aussi de garantir l’accès aux ressources minières dont un pouvoir hostile peut nous priver. Le respect des règles démocratiques chez les autres n’est pas notre affaire.

Si non, il faut partir. Nous avons assez fait tuer nos soldats pour rien. Et la situation géopolitique en Europe est assez préoccupante pour que nous pensions à rameuter nos maigres forces à la maison.

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