La tragi-comédie de la censure
L’Assemblée nationale, lors des débats préalables au vote de la motion de censure, ressemblait davantage à une cour d’école qu’à une agora de législateurs.
Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il faut beaucoup de « foi » républicaine pour croire que ce poulailler soit réellement la « représentation nationale ».
Je confesse que je n’ai pas assez de cette « foi » et que je me sens assez mal représenté par ces démagogues vociférants.
Mais, au-delà de la forme, que peut-on tirer comme conclusions de cette tragi-comédie ?
Tout d’abord, nous constatons à nouveau qu’Emmanuel Macron nous a conduits dans l’impasse.
Sa dissolution, qui ressemblait fort à un geste de gamin capricieux, rend le pays ingouvernable. Et précisément au moment où nous avons cruellement besoin de décisions courageuses.
Cependant, il faut s’empresser d’ajouter que le gouvernement Barnier ne nous a guère laissé d’illusion sur les décisions courageuses qu’il pourrait prendre.
Il comptait certes des personnes fort honorables, le Premier ministre lui-même tranchait agréablement par son maintien et sa politesse par rapport aux gamins mal élevés et aux imprécateurs guévaristes qui peuplent désormais les allées du pouvoir.
Pourtant, le budget sur lequel ce gouvernement a chuté ne tournait pas le dos au socialisme. Dette et impôt devaient augmenter, tandis que les services publics continuaient à se dégrader.
Et, de façon générale, tout laissait présager une poursuite des politiques précédentes avec la même conséquence : le déclin.
Cette crise ministérielle pourrait tourner à la crise de régime puisqu’on peut supposer que, les mêmes causes produisant les mêmes effets, les gouvernements à venir tombent comme le gouvernement Barnier – et, par ailleurs, aucune dissolution n’est possible jusqu’à juillet prochain (quand bien même ce serait possible, la prochaine Assemblée risquerait fort de ressembler à l’actuelle) et le président refuse de démissionner.
En attendant, nous pouvons aussi envisager les conséquences politiques de cette censure.
Il est désormais clair que le « bloc central » ne peut gouverner qu’avec la bienveillance de l’un des deux blocs d’opposition.
Pour l’heure, le plus vraisemblable est qu’Emmanuel Macron cherche son prochain Premier ministre au centre-droit – le PS refusant de gouverner hors du cadre du NFP (et donc de l’alliance avec LFI qui est un casus belli avec plusieurs groupes centristes et a fortiori de droite).
On peut imaginer que l’on s’oriente vers un front populaire à l’envers où le RN jouerait le rôle du PC en 1936 avec un « soutien sans participation ». Ce serait, pour lui, une belle opportunité de « dédiabolisation » ne dépendant pas de ses adversaires – l’occasion de montrer que le parti à la flamme peut faire des propositions constructives reprises par le gouvernement.
L’autre option est inverse : le RN peut, au contraire, poursuivre dans son alliance de circonstance avec le NFP et faire tomber un à un les gouvernements successifs jusqu’en 2027.
Dans ce cas, il enverra aux électeurs un message subliminal parfaitement clair : c’est un parti d’opposition efficace, mais non un parti de gouvernement.
Les électeurs de centre-droit préféreront alors voter au deuxième tour pour le centre-gauche que pour lui. Certes, le RN peut rappeler que les députés de centre-droit ont, pour beaucoup, été élus grâce aux voix de LFI et qu’il faut beaucoup de mauvaise foi, dans ces conditions, pour reprocher aux députés RN leur vote de la censure avec LFI. Reste qu’en ce cas, la perspective d’une victoire à la présidentielle s’évanouira pour longtemps.
À suivre …
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