Macron et la drogue

Macron et la drogue

Après l’assassinat, à Marseille, de Mehdi Kessaci (frère de l’élu écologiste Amine Kessaci, actif dans la lutte contre le trafic de drogue), le président Macron nous a servi l’une de ces réparties « choc » dont il a le secret.

Selon la porte-parole du gouvernement, Maud Brégeon, il aurait déclaré au cours du conseil des ministres du 19 novembre, pour insister sur la responsabilité des consommateurs : « C’est parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants. »

À quoi le président ajoutait pour préciser sa pensée : « On ne peut pas déplorer d’un côté les morts et de l’autre continuer à consommer le soir en rentrant du travail. »

Il est évident que, sur ce dossier, Emmanuel Macron a raison : on ne peut pas dénoncer le trafic de drogue et en profiter. Cela tombe sous le sens – mais le « en même temps » a tellement gangrené notre vie nationale qu’une telle évidence semble échapper à beaucoup de nos contemporains.

Cependant, Emmanuel Macron n’est pas très bien placé pour donner des leçons aux « bourgeois des centres-villes » (qui, accessoirement, demeurent le cœur de son électorat).

D’abord, parce qu’il a été bien long à prendre la mesure de notre effondrement sécuritaire. On se souvient qu’en 2017, le sémillant candidat « disruptif » n’avait quasiment pas eu un mot sur les questions régaliennes (de l’insécurité à l’immigration en passant par la défense nationale). Ce n’est qu’après de longues années à l’Élysée qu’il s’est enfin aperçu que ces questions n’étaient pas sans conséquence sur la vie des Français !

Par ailleurs, la Macronie a plusieurs fois donné l’impression que la consommation de drogue n’était pas bien méchante.

D’abord, en décidant que ce qui reste un délit (toujours passible d’un an de prison et de 3 750 euros d’amende) peut se trouver sanctionné, depuis 2019, par une simple amende forfaitaire de 150 euros.

Ensuite, quand la rumeur publique a prétendu que le président était lui-même consommateur de cocaïne, l’Élysée a diffusé un communiqué humoristique sur le sujet.

Cette façon de traiter le sujet à la légère explique largement que la France soit en train lentement de devenir un narco-État où les gangs font la loi – et assassinent les concurrents (et, à l’occasion, certains innocents, « victimes collatérales ») en pleine rue et en plein jour.

Non seulement la classe politique devrait être exemplaire (et donc être exempte de telles rumeurs), mais elle devrait aussi être collectivement intransigeante. Nous en sommes loin.

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