Un général ne devrait pas dire ça…

Un général ne devrait pas dire ça…

Le chef d’état-major des armées vient de créer la polémique par une déclaration surprenante adressée à un auditoire également surprenant.

Évoquant la menace, réelle, que fait peser la Russie sur l’Europe, il poursuit : « Si notre pays flanche parce qu’il n’est pas prêt à accepter de perdre ses enfants… » Assénée brutalement, cette formule, si elle a le mérite de rappeler à un peuple insouciant que la guerre tue, est inaudible pour des Français dont il déplore par ailleurs le manque d’esprit civique – de « force d’âme » dit-il. C’est la première faute de communication.

La seconde, c’est le choix de l’auditoire : le congrès des maires de France. Les maires, qu’il charge de relayer le message, font déjà ce qu’ils peuvent, à l’occasion des rares cérémonies patriotiques. Et ils ont dû se demander pourquoi le général n’exhortait pas plutôt le corps enseignant, le ministre de l’Éducation nationale en tête, dont les leçons, depuis un demi-siècle, ont appris aux jeunes Français que nous n’avons jamais rien fait de bien dans notre histoire et qu’ils doivent s’autoflageller, déconstruire notre civilisation.

Pourquoi se sacrifierait-on pour un pays qu’on n’aime pas ? Les maires ne peuvent pallier les carences de l’Éducation nationale. C’est d’abord là qu’il faut « porter le fer », mais ça prendra du temps.

Alors, en attendant, il faut prendre les Français comme ils sont. Au lieu de dire qu’il nous manque « la force d’âme pour accepter de nous faire mal pour protéger ce que l’on est », il aurait dû dire que construire une défense forte, quelle que soit la situation économique, nous épargnerait d’avoir à nous faire mal. C’est plus audible pour des Français de 2025 qui ne sont pas des kamikazes japonais de 1945 prêts à tout entendre et tout supporter. Si vis pacem, para bellum ; si tu veux la paix, prépare la guerre ; on en est toujours là. Une défense forte dissuade l’agression.

Pour résumer, il a mal dit ce qu’il fallait dire, et pas aux bonnes personnes.

Une remarque pour terminer. Il n’a pas dit un mot de la menace islamique – qui, elle, n’est pas en devenir, est déjà chez nous, nous a déjà fait mal et continue en prenant la vie de nombreux Français. Le rôle de l’armée n’est-il pas de protéger les Français contre toute menace, d’où qu’elle vienne ?

Il n’aura réussi finalement qu’à faire peur aux Français. Mais n’était-ce pas le rôle confié par le chef de l’État ?

N.B. : Le général américain Pat­ton tenait un discours plus « rustique » mais moins anxiogène à ses troupes en 1944 : « On ne vous demande pas de mourir pour la patrie, mais de faire en sorte que le bâtard d’en face meure pour la sienne. »

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