Le crépuscule qui vient sur l’Occident

Le crépuscule qui vient sur l’Occident

En lisant les commentaires postés sous mes derniers articles, j’ai vu que certains lecteurs s’arrêtent à l’accessoire.

J’ai, quelques jours, pensé que Mitt Romney serait élu lors de l’élection présidentielle américaine. Mon analyse recoupait celle de Karl Rove et Charles Krauthammer, Michael Barone et Dick Morris, qui travaillent sur le sujet depuis aussi longtemps que moi, voire depuis plus longtemps que moi. J’avais tort sur ce point et pendant ces quel­ques jours. Mais c’est là l’accessoire.

L’essentiel est ailleurs. Il est dans ce que j’ai analysé dans mon dernier livre. La présidence Obama a effectivement été un désastre de dimension planétaire. Le second mandat de Barack Obama va voir le désastre s’accentuer. C’est ce qui compte et ce qui importe, et presqu’aucune analyse en langue française ne permet de déchiffrer le désastre qu’a été la présidence Obama au cours des quatre dernières années ou de déchiffrer les risques très concrets d’accentuation du désastre au cours des quatre années qui commencent.

Une mutation des États-Unis, accélérée et exacerbée par Obama, est en train de s‘opérer. Elle va donc se poursuivre au cours de ce second mandat en conduisant le pays vers un déclin économique, géopolitique et culturel dont les conséquences sont déjà très graves, et vont devenir cataclysmiques.

La « crise » économique en cours va s’approfondir, pour une raison très simple : les systèmes d’État-providence conduisent à des déficits abyssaux, à une destruction de la croissance et de l’esprit d’entreprise, et à une destruction de la démocratie par création d’incitations à voter, non plus en fonction de l’intérêt du pays, mais pour toucher de l’argent du gouvernement.

Les États-providence européens sont exsangues, je l’ai déjà expliqué. L’Europe est dans un processus de suicide quasiment irréversible.

Dès lors que les États-Unis suivent le chemin de l’Europe, et persistent sur ce chemin, comme l’a montré l’élection du 6 novembre, il ne reste plus de grande puissance pour porter encore les valeurs de la liberté et du dynamisme capitaliste. L’effondrement économique gé­néralisé s’approche.

La crise géopolitique en cours, et qui s’est manifestée, entre autres, par les convulsions du monde arabe, va elle-même s‘approfondir, pour une raison très simple, là encore : l’Europe est en position de défaite et de décomposition interne depuis des années et n‘a plus aucun poids sur le cours des choses.

Dès lors que les États-Unis suivent, là aussi, le chemin de l’Europe, et persistent à le sui­vre, il ne reste plus de grande puissance pour incarner encore la civilisation occidentale et le capitalisme démocratique.

Un effondrement géopolitique généralisé devient, lui aussi, très proche, et les récents actes de guerre contre Israël, l’attitude occidentale générale vis-à-vis du djihadisme qui s’est fait jour, ont montré l’extrême proximité de cet effondrement géopolitique généralisé.

La crise culturelle qui prend place depuis des années va, elle aussi, s‘approfondir. L’Europe, je l’ai déjà noté, est post-chrétienne, relativiste, ouverte à un multi-culturalisme où toutes les cultures sont égales – à l’exception de la culture occidentale, qui devient bien moins égale que les autres.

Les États-Unis suivant, sur ce plan aussi, le chemin de l’Eu­rope, et persistant à le suivre, nous allons entrer dans une ère sans repères, chaotique, où la déliquescence intellectuelle oc­cidentale va s’associer à la montée de diverses formes de barbarie.

Analyser tout cela implique d’adopter un regard planétaire. Nous sommes sans doute au crépuscule d’une civilisation. Il n’est pas facile de vivre dans ce genre de situation. Mais mieux vaut ne pas se voiler la face. Et, même si je comprends qu’il est plus commode et plus confortable de se voiler la face et de se tourner vers l’accessoire, je continuerai pour ce qui me concerne, à écrire, surtout, sur l’essentiel. Dans les semaines à venir, je délaisserai le court terme, qui n’est que l’écume sur les tempêtes du monde. J’ana­lyserai le crépuscule, qui vient. Je me tournerai vers le moyen terme. Je me consacrerai à l’essentiel. Nous entrons dans des temps obscurs et âpres. Il faut tenir la lampe allumée. Que ceux qui veulent tenir la lampe allumée comptent sur moi. Les autres ne m’intéressent pas.

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Comments (12)

  • M Répondre

    « Quand on représente une cause (presque) perdue, il faut sonner de la trompette, sauter sur son cheval et tenter la dernière sortie, faute de quoi l’on meurt de vieillesse triste au fond de la forteresse oubliée que personne n’assiège plus parce que la vie s’en est allée. » Jean Raspail

    1 décembre 2012 à 20 h 18 min
  • grandpas Répondre

    Dîtes moi cher Jaures, l’Irlande aurait elle disparue de ce Monde comme une sorte de 21 Décembre 2012 avant la lettre car on ne vous entend plus stigamtiser ce site de vos diatribes à l’ égard de cette nation ou alors les islandais auraient ils réussi là où tous les socialistes d’ Europe ont échoué.

    1 décembre 2012 à 13 h 34 min
  • grepon Répondre

    “Grepon, relisez votre liste et imaginez un peu celle que vous auriez pu écrire dans l’Europe des années 30, celle du milieu du XIXème siècle, de la fin du XVIIIème, etc…
    A votre sens quelle aurait été la plus fournie, celle mieux à même d’illustrer la fin d’une Civilisation ?”

    Je ne reculerai pas si loin que le XVIII mais le XIX a ete quand meme un siecle ou le centralisation du pouvoir, l’etatisme, a eu naissance. Lincoln, on est oblige de se souvenir, declarait qu’il ferait tout pour reetablir et renforcer l’union, quitte a laisser tomber la lutte contre l’esclavagisme. A la sortie de la guerre le republic se trouvait avec un gouvernment plus national, et plus muscle… quoique toujours d’une echelle tres tres modeste comparee a aujourdhui. On a vu un trajectoire de centralisation de pouvoir en allemagne et en italie commence dans le meme siecle. Napoleon a fait des progres au debut de ce siecle avec son imposition de codes uniformisee inspiree de la loi de Rome antique, mais bien sur que ce n’est pas ma place d’expliquer ca aux francais. Les eglises ont ete mis dans leur place dans le 18ieme aussi. Les debuts de l’imposition du vouloir de l’etat centralisee sur l’education et la famille ont commence, du moins intellectuellement, et un peu dans les faits quand meme dans ce siecle.

    Bismark, evidemment, a frappe beaucoup d’esprits a travers l’occident, au 18ieme, avec son programme socialiste et etatiste. Des presidents americains significatif avant FDR se sont inspire de ce zeit gheist de centralisation du pouvoir, de la croissance de l’etat bien au dela de la stricte necessaire regalienne ou securitaire de base. Teddy Roosevelt a mis le gouvernement federale en expansion, mais Wilson, un academic qui deplorait la Constitution ouvertement a a ecrit une tome ou l’etat ferait tout pour tout le monde, entitre L’Etat, tout de meme, a ete une force significative d’avant les annees 30. Il s’est donne dans des activite proto-fasciste et centralisante lors de sa presidence, et a fameusement voulu les debuts de gouvernement mondiale avec ses 14 points et “League of Nations”.

    Bien sur que le fascisme de Mussolini, un etatisme nationaliste, a inspire le nationalisme socialiste sur base de syndicalisme poussee, racisme et zenophobie que les annees 30 on vu faire rage en Allemagne. Etatismes extremes. En Russie, il y avait l’etatisme communiste et les ravages de la collectivisation. Aux USA, il y avait les “premier 100 jours” de FDR etablissant les debuts d’un etat providence centralisee aux USA.

    UNE GROSSE DIFFERENCE AVEC AUJOURDHUI: Avant WW II, il y avait une natalite important, et peu de couts medicale(ils n’avaient pas grande chose a faire encore, pour aider les vieux et malades). La demographie a ete tres tres different. En Russie on s’est debarrassee de 30 millions je crois, qu’il y en avait de trop, meme avant la guerre. Toute les pays avaient un sacree tas de jeunes(par rapport a aujoudhui) a donner a la machine de guerre. Apres la guerre, il y avait destruction massive en Europe et au Japon, et construction massive aux Etats-Unis, mais partout la fecondite a fait rebond, et il y avait une demographie bien plus qu’adequat, refletant une possibilite, REALISEE, d’un rebond de l’occident. Oui, les USA avait une dette souveraine a l’epoch equivalent a celle aujourdhui, mais la demographie a ete tres different. La dette souveraine des USA aujourdhui existe du fait d’un ralent du au poids de l’etat central sur les marches, du cout des droits aquis donnee a une epoch ou ca apportait votes a peu de cout, et au meme temps le veillissement de la population. Avant 2009 on etait a un taux de remplacement. L’Europe n’est pas a un taux de remplacement depuis quelques decennies, a des dettes souvernaine monstrueuses, des droits acquis proprement abyssaux a payer, et des secteurs publiques mele de tout, jusqua assure roles familiale. Es ce que les Europeens se souviennent meme comment l’humain fonctionnents sans etat-providence? Ils doivent apprendre vite, car les etats-providences europeens ne peuvent faire autrement que faire faillite sur leur promesses, repayant centimes sur l’euro si ils arriveront meme a ca, a la fin.

    Le rebond? Mais qui va rebondir? Les europeens de souche ne se reproduisent pas. Il n y a plus de confiance civilisationelle chez vous, jusqua la plus primale, la procreation et la transmission de la culture dans l’avenir.

    D’autres civilisations, malheureusement plus proche du naturel de l’homme quant a leur fecondite et priorites, n’ayant pas abandonne leur foi et leur confiance en soi, risque de vous remplacer, vous et votre culture. La trajectoire est vers l’islamisation, avec la mysogynie, ignorance et misere qui va avec partout que cet infection de l’esprit vient a dominer. C’est arrivee aillieurs, par exemple en Persie, ou il y avait une culture perse et le religion zoastrien avant l’arivee d’islam conquerant.

    30 novembre 2012 à 3 h 52 min
    • grepon Répondre

      Ouf, bien sur que Bismark a ete un monstre de la croissance d’etatisme du 19ieme a pas le 18ieme siecle. Mes excuses.

      30 novembre 2012 à 17 h 24 min
  • Jaures Répondre

    Grepon, relisez votre liste et imaginez un peu celle que vous auriez pu écrire dans l’Europe des années 30, celle du milieu du XIXème siècle, de la fin du XVIIIème, etc…
    A votre sens quelle aurait été la plus fournie, celle mieux à même d’illustrer la fin d’une Civilisation ?

    29 novembre 2012 à 16 h 00 min
  • grepon Répondre

    “Avant de tenir là dessus un discours cohérent, il importe de posséder un recul intellectuel suffisant, un esprit libéré des contingences de l’époque, une volonté d’aboutir et non de plaire à un certain public préalablement défini.”

    Contingence de l’epoch comme, oh,
    – la dette souveraine?
    – La demographie de l’occident?
    – L’insolvabilite des plans de pensions et systemes de sante?
    -Le debasement des monnaies telles que le dollar, l’euro, et le yen(afin de pretendre que le status quo peut-etre soutenu)?
    -Les gouvernements deplacant le marche libre en toute activites, jusqua celles familiale?
    -Les croyances et valeurs bouleversees, voir inversees?
    -La dependance d’Europe faiblissime sur le petroleum arabe, perse, russe dans un contexte ou les USA affaiblis trouveront neamoins toute le petroleum et gaz qu’on voudrait chez eux grace a l’explosion du fracking, percees horizontales, tar sands, et j’en passe?
    -Le totalitarism ‘islamofascist confirmee desormais en egypte et bienttot turquie et syrie, et pourquoi pas l’arabie saudite (pour se marrer un peu sur le trajectoire)?
    -Dans un contexte de bombes atomiques terroristes, et technologies d’ingenieurie d’ADN (virus et microbes) a portee de budgets bien restraints?

    28 novembre 2012 à 23 h 31 min
    • grepon Répondre

      L’Iran disposerait de 25 a 50 bombes a plutonium dans son reacteur a Bushehr. Ils vient de retirer les rods le 22 octobre, d’apres le IAEA.

      http://www.welt.de/politik/ausland/article111530422/Iran-koennte-auf-Plutonium-Bombe-hinarbeiten.html

      Ajoutons cette quantite de bombes a celles de pakinstanais et tant de plutonium (et bombes) fabrique par le defunt URSS aux petrodollars et recettes du reseaux Kahn et autres, plus des reseaux terroristes. Ajouter a ca l’attitude d’Obama et Europe envers Israel et le monde islamofou et vous avez la recette pour des surprises faisant de 9-11 un detail, un prevu instructif. Il y a tant de ports, tant de containers…

      29 novembre 2012 à 6 h 08 min
  • QUINCTIUS CINCINNATUS Répondre

    “maintenant nous savons que les civilisations sont mortelles ” … de qui déjà ? … Valéry ?

    28 novembre 2012 à 18 h 26 min
  • Jaures Répondre

    Avoir pensé que Romney serait élu n’est en rien une tare. A la lecture des sondages, on pouvait être enclin à penser que cela se jouerait de peu d’un côté ou de l’autre. Ce que je reproche toujours à M Millière, qu’il m’en pardonne, c’est de chaque fois avancer ses convictions sans nuances et de mépriser ceux qui ont une opinion différente. Pourquoi ainsi avoir qualifié de “ridicules” ceux qui pensaient qu’Obama enlèverait finalement la Floride ?
    Mais glissons ! Il s’agit là du passé et si Millière se résout à une approche plus fine, à une analyse nuancée personne ne s’en plaindra.
    Je crains cependant encore une fois que Millière ne fasse entrer les faits dans sa grille de lecture étriquée en délaissant la lucidité qu’adopterait un esprit plus libre du carcan idéologique.
    Ainsi, s’il est vrai que l’occident est en crise (et pas seulement l’Europe et les Etats-Unis mais aussi le Japon), pourquoi affirmer que celle-ci seraient l’ultime avant l’Apocalypse ? le siècle dernier n’était-il pas encore plus noir avec le carnage de la 1ère guerre mondiale, la boucherie de la seconde avec la shoah et le goulag suivie des guerres de décolonisation ?
    Et si l’on observe les siècles précédents, étaient ils paisibles, exempts d’horreurs de massacres ? N’aurait-on pu, à tout moment de l’Histoire annoncer “This is the end” ?
    Peut-être sommes-nous au crépuscule d’une civilisation. Peut-être pas. Encore faudrait-il définir ce qu’est une Civilisation. Encore faudrait-il démontrer qu’une Civilisation est un élément en acte, incapable d’évoluer ou de muter. Bref, avancer comme cela que nous sommes en décadence est une simple idée reçue: on la retrouve dans tous les discours depuis St Augustin. Avant de tenir là dessus un discours cohérent, il importe de posséder un recul intellectuel suffisant, un esprit libéré des contingences de l’époque, une volonté d’aboutir et non de plaire à un certain public préalablement défini.
    Ce sont là des préalables indispensables à la crédibilité d’un discours ambitieux sur une Civilisation et son devenir.

    28 novembre 2012 à 14 h 00 min
  • Shadok Répondre

    Après avoir décrété la mort de Dieu…

    ” L’Occident ne sait plus s’il préfère ce qu’il apporte à ce qu’il détruit “. Raymond Aron..

    28 novembre 2012 à 12 h 33 min
  • Shadok Répondre

    Une civilisation qui s’universalise est appelée à mourir., car il n’y a jamais eu, dans l’histoire, UNE civilisation mais DES civilisations.

    ” L”appel à l’universalité est pour une civilisation l’appel de mort “. ( Marcel De Corte)

    28 novembre 2012 à 12 h 31 min
  • Shadok Répondre

    ” Nous sommes sans doute au crépuscule d’une civilisation. Il n’est pas facile de vivre dans ce genre de situation.”

    En effet, un des meilleurs essai jamais écrit sur le sujet, absolument visionnaire et prophétique….

    ‘ Essai sur la fin d’une civilisation ” de Marcel de Corte.
    http://users.skynet.be/lantidote/fincivilisation.html

    28 novembre 2012 à 12 h 26 min

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