La Chine avec Dongfeng devient actionnaire de Peugeot : le géant asiatique a-t-il des pieds d’airain ou des pieds d’argile ?

La Chine avec Dongfeng devient actionnaire de Peugeot : le géant asiatique a-t-il des pieds d’airain ou des pieds d’argile ?

* Chronique de Hubert de Beaufort 

 
 
La nouvelle est officielle : le constructeur Dongfeng entre au capital de Peugeot pour 14% à égalité avec l’Etat et la famille. On reste un peu perplexe sur le côté financier de l’opération : un apport de 3 milliards d’euro, face à une capitalisation boursière de 4, 8 milliards et une perte 2012-2013 de 6,7 milliards d’euro.                
 
 
Yuan
 
                 

Deux vérités : un chiffre d’affaire Peugeot de 47 milliards d’euro et le futur marché chinois, et là nous entrons dans le mystère de cette Chine avec son 1,3 milliard d’habitants et cette croissance de 8 à 10% par an. Un mystère pour nous Occidentaux puisque nous avons à comprendre comment fonctionne ce dragon qui ne représente aucune référence historique.                                                                                                     

Une certitude : la Chine représente désormais le deuxième PIB mondial et Pékin ne cache pas sa volonté de supplanter les USA d’ici quelques années tant sur les  plans économiques que géopolitiques.                                                                                                       

Deux atouts pour notre géant : en premier lieu un peuple courageux, travailleur et créatif et en second lieu sa démographie massive, si massive que l’Etat impose depuis des décennies l’impératif de l’enfant unique. Conséquences des deux atouts : des exportations massives ayant permis au trésor chinois de disposer d’un matelas de 2 000 milliards de dollars avec un boom constant de l’industrie et de l’immobilier.               

Cette croissance remarquable présente par contre des contreparties pouvant se révéler dramatiques et d’une ampleur à l’échelle du pays. Tentons d’analyser ces contreparties. Commençons par celles que nous subissons quotidiennement : la pollution et le réchauffement climatique. La Chine brûlant 1,5 milliard de tonnes de charbon chaque année, c’est déjà le premier pollueur de la planète : imaginons une consommation énergétique à l’Occidental !                                                                                                                    

Passons à la seconde contrepartie : l’absence de démocratie avec une dictature crypto-communiste omniprésente. Combien de temps encore un peuple de mieux en mieux éduqué supportera-t-il son absence de liberté?                                                               

Troisième contrepartie : la fuite en avant financière et immobilière. Le total de l’endettement public et privé représenterait deux fois et demi le PIB : est-ce exact et est-ce supportable ? Cela serait en partie due à une construction immobilière débridée pouvant constituer une bulle à l’espagnol.                                                                          

Objectivement la Chine se présente aujourd’hui avec huit pieds : quatre d’airain et quatre d’argile, à l’image de notre monde d’aujourd’hui qui vivrait avec  52 000 milliards de dollars  de dettes. Certains craquements devraient nous alerter: après la Grèce, ce sont l’Ukraine, une partie de l’Afrique, le Venezuela, l’Argentine qui font l’actualité.                               

Aujourd’hui la Chine vient au secours de Peugeot, mais ce devrait être l’occasion pour le FMI de hiérarchiser les risques en cours : la Chine se veut la deuxième puissance mondiale, c’est donc une majeure géopolitique. Qui garantit ses données économiques et financières ?    

La France doit certes régler ses déséquilibres, mais elle ne doit pas oublier que sa place au Conseil de Sécurité lui impose un devoir de vigilance, d’exemplarité et d’objectivité.

 

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Comments (5)

  • Hilarion Répondre

    On dit que la Chine est l’usine du monde. Ses coûts salariaux sont entre 10 et 30 fois inférieurs à nos propres coûts. Lorsque les salaires français seront ramenés à 150 € par mois, nous pourrons nous aussi être l’usine du monde… du moins jusqu’à la révolution. Peugeot dispose d’une expérience industrielle plus que centenaire dans la fabrication automobile. Grâce au dumping social, la Chine s’est constituée un matelas financier qui lui permet d’entrer dans le capital de Peugeot. Elle pourra ainsi siphonner rapidement un savoir faire qui lui permettra de mettre sur le marché français des véhicule à technologie occidentale et à coûts de production chinois permettant ainsi de voir grimper la courbe du chômage en France. Le tout est de savoir à quel point la courbe croissante du chômage croisera la courbe des prélèvements sociaux générés par le dédommagement du chômage, c’est à dire déterminant l’explosion sociale.

    5 mars 2014 à 12 h 16 min
  • Catoneo Répondre

    DongFeng (ex-2nd Automotive Works) ne vient pas au secours de Peugeot.
    Ils investissent dans un constructeur automobile intéressant et pas trop gros, afin d’en obtenir des retombées techniques dans les usines qu’ils ont déjà construites ensemble. C’est presque un vieux couple.
    L’opération est tout ce qu’il y a de banal, sauf pour les médias français en mal de copie.

    2 mars 2014 à 19 h 17 min
  • goufio Répondre

    Ce qui est fascinant dans notre monde d’aujourd’hui, c’est que personne ne se rend compte de la nocivité de tous nos gouvernants

    2 mars 2014 à 11 h 27 min
  • Boutté Répondre

    Comment croire à la règle d’un enfant par couple dans un pays où la population augmente énormément ? Ce n’est pas concevable mathématiquement . Le Communisme politique n’exclut pas ,en Chine, le Capitalisme débridé . Les règles du commerce international stipulent que les Banques sont gérées de façon libre et autonome ,ce qui n’est pas le cas en Chine . . . qui pourtant fait partie du club .
    Comment expliquer et admettre autant de paradoxes tueurs ?

    2 mars 2014 à 8 h 34 min
  • Hector Répondre

    Une question qui n’est jamais posé : est ce que la France dans l’UE a le droit de participer financièrement dans une entreprise ?
    Il parait que Peugeot était mal géré . La réponse de banquiers et autres instruits étaient que avec l’euro on ne peut pas fabriquer en France . Donc Peugeot a mal géré son entreprise car il construisait made in France .
    Personne n’a relevé ces propos pour remettre en cause l’euro et l’UE , bizarre ? Le problème de Peugeot et de toute notre industrie c’est l’euro . On ne remet pas en cause un dogme .
    Dans une classe il y toujours un premier , dans l’UE c’est l’Allemagne . Ne soyons pas jaloux . Constatons que les allemands comme les suisses respectent le travail .
    Nous nous ne licencions pas nous faisons des plans sociaux .

    1 mars 2014 à 17 h 37 min

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