Comment voulons-nous vivre ? C’est la question.
Naturellement, ces choix de vie influencent le modèle économique : l’Etat-Providence, et d’autres choix, sont inflationnistes. Mais ce sont des compromis “prestations sociales/pouvoir d’achat”, et où est la majorité prête à y renoncer pour réduire l’inflation ? Car, les taux d’inflation reflétant l’efficacité économique, dans les pays plus inflationnistes, les prix augmentent plus vite et la compétitivité relative diminue.
L’inflation influe peu sur le développement économique réel, ni sur l’innovation ou les gains de productivité. Mais agit comme un “coefficient d’efficacité” qui pénalise monétairement le pays ayant un taux d’inflation structurel plus élevé. Le boom de la France et de l’Italie depuis la guerre l’a bien montré : des choix de vie différents n’ont pas freiné leurs progrès. Ces choix étant culturels, il est assez vain d’inviter les Français à se comporter comme des Allemands. S’ils voulaient vivre comme eux, il y a longtemps qu’ils le feraient, et inversement. C’est ce qui fait le charme de la vie.
L’ennui est que le charme de la vie, inconsciemment primordial pour chacun, n’est pas facile à intégrer au PIB… Ce qui ne signifie pas que sa valeur soit nulle : les Allemands, qui pratiquent la rigueur, disent “Heureux comme Dieu en France”, mais continuent de vivre à l’allemande…
Cela ne dispense pas de combattre la mauvaise gestion publique, qui est un grave et coûteux détournement de fonds, ou les dérives syndicales qui affaiblissent tout le monde. Mais faut-il pour autant faire de la fixation sur l’inflation, qu’on sait mal maîtriser ? D’autant que l’inconvénient de compétitivité n’est que monétaire, et que la parade est aussi vieille que le commerce international : réajuster les monnaies n’est que reporter sur les parités de change des écarts d’inflation interne. Et puis, finalement, chacun est libre de vivre comme il l’entend. Ou devrait l’être.
Sauf que ce n’est pas l’opinion de la Commission, qui a des idées sur tout et notamment là-dessus, prétend savoir mieux que les citoyens ce qui est bon pour eux, et l’imposer. Elle veut “harmoniser” les conditions de production et de consommation de tous les pays membres, inclus politique salariale, protection sociale, fiscalité, retraites, mesures de sécurité de toutes sortes, normes techniques du matériel industriel et ménager, etc., et maintenant systèmes bancaires, pour que tout le monde fasse comme tout le monde et vive comme tout le monde. Bientôt le col Mao.
Il y a 2400 ans, Périclès déclarait (Discours aux morts) :
« Du fait que l’Etat, chez nous, est administré dans l’intérêt de la masse et non d’une minorité, notre régime a pris le nom de démocratie.” Pouvons-nous encore en dire autant ? »
Dans La grande démolition, Roland Hureaux confirme que l’emploi industriel est passé en France de 28% en 1975 à 12% en 2010, et que nous avons maintenant 7,5 millions de “travailleurs pauvres” (gagnant ce que reçoivent les 5 millions de pauvres sans travail). Lui aussi attribue cela au “décalage entre le niveau international de l’euro… et la hausse des prix effective en France, moins important qu’en Grèce, mais beaucoup plus qu’en Allemagne, et qui se traduit par une perte générale de compétitivité“. Cette compétitivité que Madame Merkel enjoint Monsieur Hollande de rétablir toutes affaires cessantes (L. Gallois parle “d’asphyxie par l’euro fort”). Il indique également que “pour la première fois dans l’histoire, l’Allemagne est devenue plus compétitive que la France (pour) la viande… (en raison) de la dérive monétaire”. Dans un domaine où les gains de productivité sont quasi nuls, seule une appréciation injustifiée de la monnaie peut modifier les prix. En clair, la France est toujours plus compétitive que l’Allemagne, mais la dérive de l’euro inverse le résultat !
Le 7 février, Laurent Joffrin constatait sur France-Info :
« Les efforts financiers qu’on a faits en France, qui sont douloureux, ont été entièrement mangés en une semaine par la hausse de l’euro. À quoi ça sert de faire des efforts d’austérité si l’euro est trop fort ? »
Après une perte d’indépendance en tous domaines, la politique de l’Union Européenne nous a conduits au bout de 30 ans, sans discontinuer, à multiplier le chômage par 6, ramener la croissance à zéro, réduire le pouvoir d’achat des plus défavorisés, et provoquer un endettement croissant dont on ne peut plus payer les intérêts.
L’économie est en survie, la situation sociale dangereusement instable, les finances aux abois, les perspectives bouchées, et les tensions internationales réapparaissent… Qu’on veuille bien nous montrer les avantages avérés qui justifient de “sauver à tout prix” un tel système.
Jean-Pierre Delmau
Comments (6)
Intéressant mais sommaire. Sous l’apparence de réflexions philosophiques ce sont surtout des affirmations reflétant des préjugés.
Quid de la nature, de l’exploitation et de la pollution de la planète ? Quid du mérite, du travail ? Ne faut-il pas évaluer de façon réaliste de soi-disants « bons sentiments » (donner à celui qui a besoin) qui en pratique conduisent au nivellement par le bas sans empêcher les abus, au contraire, on les autorise en parlant « au nom du peuple » !!
Quant à l’inflation, elle condamne celui qui économise, c’est une invitation à consommer, donc toujours plus exploiter et polluer la planète.
Si « nous avons maintenant 7,5 millions de « travailleurs pauvres » (gagnant ce que reçoivent les 5 millions de pauvres sans travail) » ce n’est pas à cause d’un euro fort, mais de dépenses publiques trop élevées, conduisant à prélever toujours plus sur ceux qui produisent pour financer des dépenses publiques gargantuesques et développer l’assistanat et les abus « au nom du bien collectif ».
Ceci conduit bien à une perte de compétitivité, non à cause de l’euro (les allemands ont le même que nous) mais du fait des charges que cela représente sur le travail et les investissements.
c’est en raison à la fois :
d’un euro ” fort ” ( pour nous Français ) , d’un Etat dispendieux ( pour nous Français et …. immigrés ) et qui plus est qui ne nous protège pas de la concurrence des travailleurs et des nations à ” bas prix ” qui font la fortune du ” capitalisme ” apatride
mais la question est qui est cet ETAT ?
la réponse : la Commission Européenne et leurs valets nationaux
excellente réflexion sur un sujet qui est toujours traité dans les ” 4 V² ” sans tenir aucun compte de l’Homme, de sa survie et de celle de la Nature
félicitations
Bravo et merci pour cette très brillante analyse. Tout est dit et sortir de l’euro devient une évidence. Pourquoi continuent-ils à s’accrocher à ce tuteur malade et voué à l’auto destruction. Pourquoi les hommes ont ils tant de mal à faire machine arrière, à envisager l’échec comme une formidable possibilité de s’enrichir et rebondir ?
Tous les responsables politiques actuels ont ;
-occultés l’information économique aux citoyens français qui sont devenus ignares en la matière,
-pour de multiples raisons abandonné les responsabilités de gouvernement aux organismes ou structures “machin”
– conduit la France dans une impasse.
Le salut ne viendra pas des politiques qui ont perdu la confiance des électeurs(voyez le nombbre des abstentionistes) il ne viendra que par une prsie de conscience du “peuple”qui de réflèxions en réflèxions imposera une ligne de conduite “claire” qui restectera les équilibres entre ce qui est possible et ce que l’on souhaite en fonction de la situation actuelle.
Faudra-t-i pour cela disposer d’un grand “Audit”
Très heureux de vous lire. Vous osez mettre l’accent sur la différence entre nos peuples latins et les anglo-saxons! Enfin.
Nous ne serons jamais des allemands.
Je crois aussi que notre quête de productivité relève du mythe de Sisyphe , les gains étant aussitôt effacés par l’euro, dont la parité n’est jamais revue. Là on le constate tous les jours, nous sommes face à un dogme: on ne touche pas à l’euro, dussions-nous y laisser notre identité!
Merci
Lucien Tricot