2 poids, 2 mesures
Grâce à nos confrères de « Boulevard Voltaire », j’ai découvert une affaire judiciaire assez savoureuse révélée par « Le Figaro », le 12 août dernier.
Une certaine Marion, âgée de 39 ans, et manifestement consommatrice active de diverses drogues (selon la justice, elle est « accro » à l’héroïne, tout en consommant régulièrement du cannabis), a pénétré par effraction dans une maison pour s’y installer illégalement.
Dans l’état actuel du droit de propriété, elle aurait parfaitement pu s’y installer durablement. Mais elle n’a pas eu de chance : la maison était la résidence secondaire d’un magistrat nîmois.
Lequel a réussi le tour de force de faire expulser et condamner (à six mois de prison avec sursis probatoire de deux ans et obligation de soins) la squatteuse en moins de dix de jours.
Qui a dit que la justice était lente et laxiste ?
Quand les siens sont concernés, elle est parfaitement capable de réagir avec vigueur et rapidité. Voilà qui nous rassure.
Cependant, « Le Figaro » nous signale aussi que l’intéressée n’en était pas à son coup d’essai : en 2023, elle avait été hébergée par un homme… qui avait dû, au bout de quelques semaines, quitter son propre domicile.
Tout simplement parce que « Marion » y avait fait venir son compagnon, « son chien, huit chats et un furet » (sic !).
La plainte, dans ce cas, avait été nettement plus longue à aboutir. La squatteuse était restée de longs mois (laissant au passage un domicile en sale état) et la justice l’avait relaxée au motif que cette occupation n’avait rien à voir avec un squat, puisqu’au départ, le propriétaire était consentant.
Bien sûr, il ne s’agit là que de petite délinquance. Mais c’est précisément celle qui empoisonne la vie des honnêtes gens. Si la justice manifeste aussi clairement une partialité choquante, indiquant que certains Français sont « plus égaux que d’autres », il ne faut pas s’étonner que la confiance s’émousse.
On peut nous ressasser autant que l’on voudra le respect de l’état de droit, « la confiance dans la justice de mon pays », il serait sage que cette dernière donne aux citoyens de solides raisons de lui accorder cette confiance.
Cette affaire clochemerlesque m’a rappelé une citation de l’excellent Michel Audiard : « La justice, c’est comme la Sainte Vierge : si on ne la voit pas de temps en temps, le doute s’installe. » Et il serait bon qu’on la voie même quand des magistrats ne sont pas en cause et que les victimes ne sont que de « simples » citoyens – faute de quoi nous croirons plus volontiers au règne de l’arbitraire !
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