À propos du discours du Pape à Marseille
En observant la venue du Pape à Marseille, la première remarque qui me vient à l’esprit est que bon nombre de politiciens n’ont plus de culture religieuse – et guère davantage de culture historique.
Il est, en effet, ridicule de protester contre la participation du chef de l’État à une messe célébrée par le Souverain Pontife au nom de la « laïcité ».
C’est le christianisme qui nous a enseigné la distinction entre spirituel et temporel. Et, contrairement à la légende, la Révolution, non seulement n’en est pas responsable, mais elle a même tenté, à la suite de Rousseau, d’en finir avec la laïcité en soumettant le spirituel au temporel.
Il est tout aussi absurde de reprocher au Pape de « faire de la politique ».
Tous les Papes en ont fait depuis saint Pierre : leur mission est de transmettre les enseignements du Christ et ces derniers ont souvent à voir avec la dimension sociale de l’être humain.
L’Évangile n’est pas d’abord une morale, mais il a des conséquences morales et, parmi ces conséquences, figure ce que l’on nomme la « doctrine sociale de l’Église », y compris dans sa dimension politique. Rappeler les gouvernements à leurs devoirs politiques relève bien de la mission pontificale.
J’ajoute qu’il serait bon de lire les textes avant d’accuser le Pape François de faire de la mauvaise politique.
En l’occurrence, au moins deux sujets « politiques » ont été évoqués par le Pape à Marseille.
Le premier a été très peu commenté, mais est de primordiale importance, à la veille d’une discussion législative sur le sujet : le Pape a défendu, comme ses prédécesseurs, la vie innocente, notamment contre l’euthanasie. Quand on dit que le Pape François prononce le discours de la gauche radicale, il conviendrait donc de nuancer un peu !
Le deuxième sujet a été abondamment commenté. Le Pape a invité à l’accueil de l’étranger et donc des immigrés.
Il demande de « les traiter comme des frères et non comme des problèmes », de « les intégrer, et non s’en débarrasser ».
Là encore, je ne vois pas pourquoi l’on s’étonne. Que le Pape nous invite à considérer les immigrés comme des personnes semble assez logique.
Il est remarquable qu’il en reste à la dignité de la personne, sans évoquer la dimension politique de l’immigration. De deux choses, l’une : soit il considère que le bien commun doit s’effacer devant la dignité de l’immigré ; soit il laisse aux peuples le soin de s’occuper de ce bien commun et ne s’en mêle pas.
Le premier cas serait évidemment désastreux – mais ce n’est pas parce que presque tous les commentateurs ont compris ainsi le discours pontifical, ni même parce que le Pape François nous a habitués à des discours très immigrationnistes, qu’il faut nécessairement le comprendre comme cela. En toute hypothèse, nous devrions alors répondre nettement au Pape François que le bien commun d’une société est supérieur au bien temporel d’une personne et qu’il n’y a aucun devoir de la France de s’autodétruire en accueillant des millions d’immigrés.
Une politique migratoire ne peut pas faire l’impasse sur la dignité humaine de l’immigré. Mais elle ne peut pas non plus ignorer le bien commun de la société d’accueil.
J’ajouterais que, pour que son discours soit audible, nous aimerions aussi que le Pape ne fasse pas mine d’ignorer que la plupart des « migrants » sont musulmans et ne nous demande pas d’accepter sans mot dire notre soumission à la charia. Et qu’il manifeste autant de compassion pour les millions de chrétiens persécutés que pour les musulmans charriés par les trafiquants de chair humaine.
Comments (1)
Si vous pensez que votre apologie bergoglienne – laquelle fait silence sur celui assourdissant de François quant au devoir d’évangélisation des migrants – va nous inciter à répondre à votre appel aux dons sur le Salon Beige, je crains fort que vous ne commettiez une monumentale erreur d’appréciation : sur le moment, j’ai cru être sur le site de La Croix…