À propos du sacre de Charles III
L’Angleterre fut longtemps un adversaire de la France et plus récemment un allié souvent peu fiable (c’est notamment par la faute des Anglais, soutenus par les Américains, que la victoire de 1918 n’a pas porté les fruits que nous étions en droit d’en attendre et qu’elle a, au contraire, préparé la Seconde Guerre mondiale).
Même si la géographie l’imposait sans doute aux îles britanniques, je dois avouer que je me méfie également de l’impérialisme « thalassocratique » (pour reprendre le mot très juste de Carl Schmitt)
Par ailleurs, j’ai beaucoup à objecter à l’actuelle dynastie (usurpatrice, très liée à l’oligarchie maçonnico-financière et très anti-catholique) et à l’actuel souverain (volontiers écologiste radical).
Il n’empêche. Ce samedi 6 mai, à l’occasion du sacre de Charles III, j’ai envié les Anglais.
Non pas que je sois très versé dans la presse « people » et les photos de princesses.
Mais, quand on voit à quel point les vieilles recettes fonctionnent encore outre-Manche, on ne peut s’empêcher de comparer avec la situation de notre pauvre France.
La cérémonie du sacre, calquée sur les onctions des rois d’Israël, a été utilisée pour la première fois dans les peuples chrétiens par l’Espagne wisigothique. Puis l’Angleterre et la France l’adoptèrent et ce fut un élément central de la légitimité royale – et donc de l’unité nationale.
Bien que Charles III ait constitutionnellement beaucoup moins de pouvoir qu’Emmanuel Macron, il peut réellement être un chef d’État quand le second ne sera jamais qu’un chef de parti.
Je persiste à considérer que la réforme de 1962 sur l’élection du président au suffrage universel est une colossale erreur : elle revient à imaginer que, dans un championnat sportif, le capitaine de l’une des équipes devienne arbitre. Tout le monde douterait, à juste titre, de son impartialité. Comment ne voit-on pas la contradiction dans ce domaine politique, un peu plus important pour la vie des peuples que le sport ?
Quand on constate l’état de la société française, proche de l’explosion (c’est sans doute pour cela que l’on parle tant de « vivre ensemble » !), on rêve d’un arbitre non partisan.
Surtout, cette cérémonie du sacre et du couronnement installe tous les sujets – et pas seulement le souverain lui-même – dans la chaîne des temps.
Cette cérémonie venue du fond des âges rappelle que nous sommes des nains juchés sur les épaules de géants, comme disait joliment Bernard de Chartres. Et que le roi ne doit pas son pouvoir à ses propres mérites, mais à Dieu et à ses ancêtres.
Comme me le faisait récemment remarquer un ami britannique, le souverain anglais est le dernier chef d’État à être sacré et couronné dans le monde occidental. Même le pontife romain y a renoncé au nom de l’aggiornamento (dont nous attendons toujours les fruits !).
Je comprends bien sûr (et hélas !) que nos contemporains n’entendent plus ces leçons de sagesse politique que nous murmurent nos aïeux à l’oreille.
Mais sacre et couronnement avaient le double avantage de faire du souverain le chef incontesté de ses peuples et de lui rappeler que sa personne n’était rien (selon le mot fameux du comte de Chambord) et qu’il devait tout à ses sujets.
Rien de plus éloigné de cette cérémonie que le narcissisme mégalomaniaque d’un Macron qui semble croire que la France commence et finit avec lui.
Oui, pendant quelques heures, j’ai rêvé que la France pourrait elle aussi « renouer la chaîne des temps » et retrouver la paix civile. Las, je me suis réveillé sous une autre oligarchie, beaucoup plus vulgaire et beaucoup moins nationale !
Comments (1)
Sur la photo et sur les vues TV de la cérémonie, Charles III donne vraiment l’impression d’en “avoir déjà plein les bretelles” comme s’il était écrasé par sa position. Pourtant, il m’était sympa avec ses grandes oreilles, mêmes plus petites que les miennes. Lui et moi faisons, en quelque sorte partie du club des Jumbo.