Aide à mourir : la suite du programme
Plusieurs films de guerre mettent en scène un commando gravement blessé que ses camarades ne peuvent pas exfiltrer et auquel ceux-ci remettent une arme de poing pour mettre fin à ses jours au cas où il serait capturé par l’ennemi avant l’arrivée des secours amis : cette situation est parmi les rares qui puissent rendre « l’aide à mourir » humainement compréhensible.
Il existe des situations comparables où le risque d’être torturé par l’ennemi est remplacé par une fin de vie imminente dans des souffrances non réductibles : elles ont été surabondamment évoquées pour influer en faveur de l’euthanasie, alors que les lois qui existaient déjà permettaient d’apporter des solutions à ces cas désespérés mais exceptionnels.
La combinaison dans la nouvelle loi de la criminalisation de l’encouragement à rester en vie (délit d’entrave) avec une extension de « l’éligibilité » au suicide assisté à de multiples configurations mal définies n’a donc pas d’autre but que d’accoutumer le citoyen inattentif à cette idée que, pour sauver la planète, le tri des déchets doit s’appliquer à partir de maintenant à la prolongation de n’importe quelle vie humaine jugée incompatible (mais par qui ?) avec la « dignité » !
On peut donc s’attendre dans les prochaines années à ce que, dans toutes les familles où une aïeule mange déjà sa part de bûche seule dans la cuisine le soir de Noël, des considérations économico-notariales génèrent des discours du type « montre-toi raisonnable Mamie, on s’est déjà beaucoup sacrifié pour toi, et d’ailleurs la loi permet maintenant, etc. »
Passée cette période d’accoutumance, la Commission européenne, lassée d’entendre les (vrais) soignants répéter que la mise à mort d’un patient n’est pas un soin médical, pourrait pondre une directive attribuant le droit d’administrer la substance létale à certains salariés des entreprises de pompes funèbres. Bien entendu, les esprits auront été préparés en faisant appel à un des meilleurs élèves en « avancées sociétales » pour qu’il lance le processus et permette ensuite de rassurer tout le monde avec l’argument habituel : « On le pratique déjà aux Pays-Bas… »
Une aubaine alors pour les mutuelles de santé qui pourront proposer des conventions obsèques de type « Deux en un » (injection + incinération) à des prix attractifs en raison de l’imputation comptable des non-dépenses en remboursements de soins afférents à une fin de vie écourtée et calculées sur la base du dossier médical au moment de la souscription. Seuls s’en plaindront les pâtissiers qui ne comprendront pas tout de suite pourquoi en période de Noël on leur commande des bûches de plus en plus petites.
Surfant alors sur une implantation solide dans les mentalités de la conception jetable de la vie humaine, une compagnie d’assurances ne devrait pas tarder à mettre sur le marché la convention obsèques « SURF » (Senior Ultima Ratio Familiarum : en latin, ça fait moins peur !) permettant aux familles de conduire directement « l’éligible » sans passer par l’hôpital à la maison funéraire pour incinération dans son état du moment : « Mamie ne s’est sûrement rendu compte de rien, depuis 6 mois elle n’avait déjà plus toute sa tête ! » Un contrat permettant de s’exonérer de tous les frais administratifs liés à la fin de vie pour ne payer que la crémation, ça devrait marcher du feu de Dieu !
Pour ne pas connaître la société que nous prépare la loi dont elle fait la promotion, j’ai bien envie de téléphoner à Madame Vautrin pour savoir si je ne pourrais pas être éligible à l’aide à mourir – mais tout de suite !
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