Amfis : tempête dans un verre d’eau
La rentrée politique a été l’occasion de l’un de ces psychodrames qu’affectionne tant la caste jacassante : Jean-Luc Mélenchon a interdit l’accès aux universités d’été (Amfis) de la France « insoumise » (je ne me lasse pas de ce nom pour un parti qui affiche fièrement ses liens avec l’islam – dont le nom signifie précisément soumission !), à un journaliste du « Monde ».
De façon générale, j’avoue que je ne me sens pas très concerné par les crêpages de chignon entre chapelles de l’extrême gauche (le très chic quotidien du soir étant, au moins depuis le passage d’Edwy Plenel, presque aussi infiltré par les trotskistes que la France insoumise mélenchoniste). Mais l’affaire est assez savoureuse et révélatrice.
Le journaliste ainsi « puni » s’appelle Olivier Pérou et il a le tort, aux yeux du tribun d’extrême gauche, d’être co-auteur d’un ouvrage intitulé « La meute » – et tout à fait intéressant sur les méthodes plus ou moins sectaires de LFI.
Étant chargé du suivi des partis de gauche pour son journal, il ne paraît pas absurde d’une part qu’il ait écrit un livre sur l’un des partis les plus importants de la gauche contemporaine et d’autre part qu’il ait souhaité assister aux Amfis.
Mais il n’est pas plus absurde que Jean-Luc Mélenchon et ses affidés aient refusé d’accréditer un journaliste dont l’opposition à LFI était publique.
Pourtant, « Le Monde » déclara être « empêché d’assister à l’université d’été de La France insoumise ». Jean-Luc Mélenchon se serait peut-être opposé à la présence d’un autre journaliste du « quotidien de référence » (je n’en sais rien), mais ce qui est certain, c’est qu’il n’a opposé un refus d’accréditation qu’à Olivier Pérou. Que la rédaction du « Monde » soit solidaire de ce dernier et refuse d’envoyer un autre journaliste est sans doute fort honorable, mais il est ensuite un peu difficile de prétendre que la liberté de la presse serait menacée.
Plus étrange encore, plusieurs titres, dont l’AFP ou France TV, s’associèrent au « Monde » dans un concert élégiaque à la mémoire de cette liberté menacée – certains refusant à leur tour d’envoyer des journalistes aux Amfis par solidarité.
Ces gens vivent décidément sur une étrange planète.
Ils ne voient aucun inconvénient à ce que nos libertés (y compris d’expression) soient régulièrement rognées par les gouvernements successifs (ceux de M. Macron étant, en ce domaine comme en bien d’autres, particulièrement « efficaces » pour accentuer la politique désastreuse de leurs prédécesseurs). Mieux, ils réclament souvent que l’État censure internet avec encore plus d’entrain.
Cependant, ils n’hésitent pas à redécouvrir l’existence de ces libertés pour défendre leur corporation. Et ils semblent ignorer que ces libertés s’accompagnent d’ordinaire de devoirs – à commencer par des devoirs à l’égard de la vérité (en cette matière, la lecture du livre « Le Monde et ses faux » de Jean Madiran ou celle de « La face cachée du Monde » de Pierre Péan sont tout à fait « édifiantes »).
Les journalistes du « Monde » sont évidemment libres de leurs opinions politiques ou religieuses et je ne m’en soucierais guère s’ils ne prétendaient, du haut de la chaire que leur procure le « quotidien de référence », nous dicter comment nous aussi devrions penser et nous exprimer.
La réalité, c’est que ce débat, qui a prétendu se situer à la hauteur de la liberté de la presse menacée par des velléités « fascistes » de Mélenchon, n’a été qu’une querelle entre chapelles d’oligarques gauchistes qui prétendent tous au monopole de la vérité !
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