Bardella président ?

Bardella président ?

Un sondage récent donne Jordan Bardella vainqueur de l’élection présidentielle française à venir, quel que soit son adversaire. Et ce sondage a fait l’effet d’un séisme dans les médias et la classe politique française.

L’élection présidentielle française a lieu dans plus d’un an et il est certain que la situation peut changer encore considérablement. Il est probable que le clan Macron prévoit des moyens de torpiller la candidature Bardella, et il semble certain que les documents saisis par une justice aux ordres au siège du Rassemblement National l’été dernier n’ont pas été saisis pour rien. Mais, si la candidature Bardella se trouvait torpillée comme la candidature Marine Le Pen l’a été (Marine Le Pen a fait appel mais, même si elle gagne en appel, ce qui me semble peu probable, et je le dis en prenant le risque de me tromper, sa candidature restera entachée par la condamnation, ce qui fait qu’elle est désormais moins bien placée que Bardella), cela commencerait à faire vraiment beaucoup (faut-il rappeler, une fois encore, que la candidature de François Fillon avait elle-même été torpillée en 2017 ?). Mais tout doit être envisagé et le peuple français a montré dans un passé récent qu’il était manipulable (la stratégie « front républicain » qui semblait usée jusqu’à la corde a été utilisée par Macron lors des élections législatives de l’été 2024 a parfaitement fonctionné, et a permis de voler la victoire au Rassemblement National et de créer une assemblée nationale sans majorité et dans l’incapacité de faire émerger un gouvernement stable).

L’hypothèse Bardella doit être néanmoins prise en compte et ce doit être dit : Bardella incarne aujourd’hui la seule candidature potentielle crédible à droite, et la seule à pouvoir, si elle voit le jour, permettre à la droite d’espérer gagner et de pouvoir rompre avec le désastre infligé à la France.

De fait, les Républicains constituent un parti qui n’est plus que l’ombre de ce qu’il a été : la démolition judiciaire de Nicolas Sarkozy, le départ de plusieurs de ses dirigeants vers Macron, les hésitations de ceux qui restent, leur participation à l’imposture du « front républicain » en 2024, le fait que certains ont accepté d’être ministres dans des gouvernements bric-à-brac, expliquent sa chute et le fait qu’il soit devenu, au mieux, une force d’appoint.

De fait aussi, quand bien même Éric Zemmour, Sarah Knafo, Marion Maréchal et Nicolas Dupont-Aignan sont des gens très estimables, aucun d’entre eux ne peut avoir le plus minime espoir d’être présent au second tour ni d’atteindre même 10 % des voix (la plupart d’entre eux ne pourraient sans doute pas même atteindre 5 %).

La dédiabolisation du Rassemblement National menée par Marine Le Pen a fonctionné, quand bien même les grands médias continuent à qualifier le RN de parti d’extrême droite.

Marine Le Pen a, jusqu’à ce jour, des orientations économiques de gauche, ce qui peut susciter des réserves à son égard. Jordan Bardella prend subtilement ses distances avec ces orientations et commence à tenir un discours économique teinté de libéralisme, sans utiliser le mot, car il sait qu’être libéral en France rend aisément inéligible, et il sait se placer dans une position qui lui permet d’attirer les électeurs de droite sans s’aliéner les électeurs du RN venus de la gauche et qui votent RN essentiellement par hostilité à l’immigration et à l’islamisation de la France.

Ce qui peut constituer un frein pour lui est son jeune âge, et ses adversaires politiques vont insister sur ce point et dire qu’il n’a aucune expérience. Ils le font déjà. Il peut leur rétorquer que si avoir de l’expérience est avoir participé aux gouvernements qui ont mené la France vers le désastre présent, mieux vaut ne pas avoir une expérience qui ressemble à l’échec. Il peut aussi dire qu’un président ne gouverne pas seul, et s’il est candidat se doter d’un entourage solide et crédible.

La situation peut changer encore considérablement, oui. Mais, pour l’heure, la perspective d’une candidature de Jordan Bardella est une perspective qui permet de ne pas désespérer totalement du futur de la France. Redresser le pays au vu de la situation présente serait très difficile, mais n’est peut-être pas totalement impossible.

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