Décès d’Elizabeth II : douloureuse comparaison
Le décès de la reine Elizabeth II a donné lieu, dans les médias français, à un concert de louanges qui tranche agréablement avec le politiquement correct et le gauchisme qui y ont généralement table ouverte.
Certes, le Royaume-Uni n’est pas la France, mais cette fascination des Français pour la monarchie britannique n’en reste pas moins significative.
Elle témoigne du fait qu’il manque quelque chose à la France depuis le 21 janvier 1793. Je ne suis pas sûr que ce « quelque chose » pourrait être du même ordre que la monarchie britannique, mais ce manque est de moins en moins contestable.
Qu’il manque quelque chose à la France n’est d’ailleurs pas une révélation récente.
Balzac disait qu’en coupant la tête à Louis XVI, la Révolution avait coupé la tête à tous les pères de famille. Cette décapitation des pères de famille nous a valu l’effondrement démographique qui fut la cause première de la Grande Guerre. Elle nous vaut aujourd’hui « l’ensauvagement » du pays, faute d’autorité éducative.
Mais, surtout, il manque à la France deux éléments que la monarchie britannique a conservés par son existence même : le sens de la continuité historique et l’acceptation d’une autorité supérieure.
La monarchie britannique incarne la longue durée. La chose est d’autant plus frappante que la dynastie des Windsor est récente et a usurpé le trône des Stuart – ce qui montre que la force de la monarchie n’est pas principalement la qualité des personnes assises sur le trône, ni même de la famille régnante, mais bel et bien le système de succession sans débat ni guerre civile à la tête de l’État.
Et la chose est aussi, hélas, singulièrement frappante si l’on compare à notre propre chef de l’État qui donne l’image d’un gamin capricieux incapable d’apprécier la prestigieuse histoire du peuple qu’il aspire à gouverner et poussant même l’indécence jusqu’à insulter cette histoire depuis l’étranger.
Cette indécence de « Jupiter » et ce mépris de l’histoire contrastent douloureusement avec la dignité d’Elizabeth II.
Ajoutons, puisque ce deuil britannique nous force à comparer, que la monarchie avait une autre vertu : le roi étant lieutenant de Dieu, l’idée qu’il est des lois supérieures auxquelles les hommes ne peuvent toucher sans tyrannie, s’imposait naturellement.
La monarchie britannique, qui a gardé le « décorum » des cérémonies religieuses, les a largement vidées de leur sens, au point que, désormais, le parlement anglais vote autant, sinon plus, de dérives sociétales que le français. Mais il reste que l’idée que le parlement ne peut pas tout faire – en particulier ne peut pas « changer en homme en femme » comme disait le dicton britannique ou ne peut pas décider de la vérité – est la seule garantie des libertés humaines face aux tyrannies.
Quelques commentateurs, irrités du concert de louanges pour la reine défunte, ont objecté que l’Angleterre était une oligarchie. Mais, hélas, la même chose vaut pour la France. Et pratiquement pour les mêmes raisons : dans les deux cas, les plus riches ont spolié les biens de l’Église (qui permettaient de financer l’hôpital, l’éducation et l’assistance) – à la Réforme pour l’Angleterre et à la Révolution pour la France. Une caste de parvenus en est née, qui continue à dicter la politique économique et la politique tout court au détriment du bien commun. Il y a de bonnes raisons de le reprocher à l’Angleterre, mais pourquoi pas à la France ?
En un mot, la France post-révolutionnaire a presque tous les défauts de la monarchie britannique et aucun de ses avantages. Comment se réjouir d’une telle comparaison ?
Comments (2)
L’idée qu’un « Roi », … élu ou héréditaire, … puisse détenir de son Créateur le pouvoir qui lui est dévolu, m’est totalement acquise.
Même le Pape « Roi » élu de la Chrétienté, n’échappe pas à ce principe .
Pourquoi ?
Parce que dans l’Esprit même de la fonction qui est la sienne, c’est celle D’HUMBLE SERVITEUR, comme l’a voulu le Christ pour Lui-Même, qui émerge !
À méditer.
Il reste une chose inaliénable dans le système politique anglais : l’ habeas corpus !