Décivilisation à Salzbourg : pardon Mozart !

Décivilisation à Salzbourg : pardon Mozart !

La contribution de techniques de pointe à l’archéologie donne des résultats spectaculaires lorsqu’elle permet de reconstituer la vie de sociétés disparues à partir d’éclats de poterie et de miettes d’ossements. Mais, afin d’épargner un travail fastidieux et coûteux pour expliquer la fin de la civilisation occidentale, il est peut-être avisé de conserver dès maintenant dans un coffre blindé, hydrofugé et ignifugé un enregistrement de l’opéra « Les Noces de Figaro » tel qu’il a été mis en scène au Festival de Salzbourg en 2023 (plusieurs fois retransmis par la chaîne Mezzo pour ceux qui veulent vérifier) car l’avant-gardisme qui peut parfois être compatible avec le classicisme y a cédé la place à une magistrale exécution sommaire du « Beau ». Extraits :
Dès la fin de l’ouverture, les 11 personnages s’affichent comme des drogués, le signal de début de prise de doses étant lancé par Basilio, prof de musique selon le livret, mais costumé là en prêtre catholique ensoutané : pas en imam ni en rabbin, on veut bien choquer mais sans risques !
Le chœur des paysans acte I : de jeunes adolescentes projettent leurs nuisettes maculées de sang contre un mur transparent : dégoûtant !
Un peu plus loin, le « catho tradi » cité plus haut nous fait une démonstration de masculinité toxique en écrasant la tête de Chérubin contre une vitre. Puis arrive la gracieuse cavatine de la Comtesse au début du deuxième acte qu’elle chante entre un côté pile(ux) (avec une reproduction géante du tableau « L’Origine du Monde ») et un côté fesse (où une figurante intégralement dénudée exhibe les siennes depuis le rebord d’une baignoire, anatomie au demeurant très décevante rapportée au prix du billet pour le Festival). Puis c’est la fin de l’acte II dont le septuor est chanté devant un empilement de sacs-poubelles.
Apparaît ensuite le personnage de Barberine, fille du jardinier selon le livret, fagotée ici en péripatéticienne de fourgonnette. À la fin du dernier acte enfin cette dernière va s’allonger derrière un bar pour une ultime démonstration de masculinité par Basilio (encore lui !), soutane ouverte, et dont la position d’approche permet de réaliser que, plutôt qu’un curé de paroisse ce devait être un missionnaire !
J’ai fait un rêve : après avoir récupéré son uniforme de sergent-chef de la fin de l’acte I, Chérubin descendait dans la salle au moment des applaudissements pour former un commando de spectateurs encore civilisés, les conduisait vers l’antre de la direction « artistique » et en obligeait les membres à venir crier sur scène et à genoux : « Pardon Mozart ! » Et en insistant, en bon sergent-chef : « Plus fort, je n’ai rien entendu ! »

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