Défaite de la dictature des minorités
Beaucoup (y compris moi !) s’attendaient à une élection serrée et à un long dépouillement. En fait, ce fut une victoire large, nette et sans bavure : non seulement, le 5 novembre, Donald Trump a remporté 312 grands électeurs face aux 226 de Kamala Harris, mais il a gagné tous les « swing states » et même le vote populaire (74,8 millions de voix contre 71,2 pour sa rivale démocrate).
Ajoutons que le candidat républicain a fortement progressé dans des électorats réputés lui être hostiles ou être acquis au parti démocrate (notamment l’électorat hispanique et l’électorat afro-américain).
Mais le plus important, c’est que le mandat du 47e président des États-Unis devrait être très différent de celui du 45e.
Alors que Donald Trump était arrivé à la Maison Blanche pour ainsi dire par surprise en 2016, et qu’une bonne partie du parti républicain lui était opposée, il est bien mieux préparé, bien mieux entouré et dispose d’une majorité au sénat et à la chambre (sans parler d’une majorité des gouverneurs).
Plus important encore, peut-être, la plateforme de gouvernement du parti républicain a intégré des éléments importants du trumpisme (comme l’opposition à l’immigration illégale et les réserves sur les accords multilatéraux de libre-échange).
En sens inverse, la défaite de Kamala Harris est principalement la défaite de la ligne que nous appellerions en France « Terra nova » – cette idée selon laquelle les partis de gauche doivent défendre la dictature des minorités contre la majorité silencieuse.
Alors que cette ligne politique a été indiscutée au cours des vingt dernières années, elle a été la raison principale de l’échec de la candidate démocrate.
J’ai souvent écrit que cette ligne dite « d’intersectionnalité des luttes » (qui est notamment celle de LFI en France) était extrêmement puissante électoralement, mais extrêmement fragile idéologiquement, puisqu’il est assez difficile de convaincre des salafistes du bien-fondé de l’idéologie « trans » – mais j’avoue que je ne pensais pas que le bon sens triompherait si vite et si nettement.
Il faut se réjouir de cette victoire qui aura des conséquences en Europe et en France.
Mais il faut aussi se préparer à de rudes batailles car l’oligarchie mondiale va sans doute considérer Bruxelles comme sa base de repli pour les prochaines années.
Par ailleurs, il est clair que la politique de réindustrialisation de Trump va encore aggraver notre situation économique.
Mais cette guerre économique a au moins un aspect positif : la mode n’est plus aux accords multilatéraux piétinant les intérêts de la paysannerie française pour soutenir ceux de l’industrie allemande. Le bilatéralisme – qui devrait être la règle générale des échanges internationaux – a toutes les chances de redevenir la norme.
Espérons pour nos paysans que cela arrive assez tôt pour « torpiller » l’accord avec le Mercosur – sans quoi il ne restera plus grand-chose à sauver quand un gouvernement de redressement national arrivera !
En tout cas, un gouvernement attaché aux intérêts français pourrait profiter de cette nouvelle configuration. Bruxelles, en effet, va perdre de son influence. Et les réserves de Donald Trump sur l’OTAN devraient être l’occasion d’investir lourdement pour restaurer notre outil militaire. Mais il y a fort à craindre que M. Macron – et une bonne partie de son gouvernement – soit trop englué dans son utopie passéiste de la « mondialisation heureuse » pour saisir l’occasion. Avec l’actuel personnel politique, ce sursaut semble donc peu probable. Vivement que la révolution conservatrice qui a porté Trump au pouvoir débarque chez nous !
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