Des alliances pas du tout « contre nature »

Des alliances pas du tout « contre nature »

Les « analystes » les moins complaisants de la séquence des désistements réciproques ayant suivi la dissolution ont abondamment parlé de « bidouille », de « magouille » et de « tambouille » (en évitant soigneusement l’imprudence d’ajouter à la liste le mot « gratouille »).
Mais ce qui est le plus choquant, c’est leur inhibition à dénoncer la sous-culture dans laquelle baigne le monde politique et qui apparaît à travers leur expression « alliances contre nature ».
D’abord, quiconque a eu des amis engagés par une vie professionnelle ou associative dans le service de leurs concitoyens puis qui, un jour, se sont « lancés dans la politique » a pu observer une transformation de leur mentalité : grisés par des privilèges auxquels leurs souvent médiocres capacités personnelles ne leur auraient jamais permis d’accéder, ils comprennent la nécessité de grimper dans la hiérarchie des élus, ce qui les amène tôt ou tard à devoir faire avancer des dossiers qui peuvent n’avoir plus aucun lien avec les discours tenus devant les électeurs.
Les plus cyniques, alors, font leur la fameuse formule : « Les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent », tandis que les plus naïfs s’en tiennent à « Il faut qu’on explique à nos électeurs ».
C’est bizarre, dans la démocratie suisse, l’homme politique n’a rien à expliquer à ses électeurs : il s’emploie à réaliser au mieux ce que ceux-ci lui ont demandé !
À partir du moment où le service du concitoyen a disparu de l’éthique du politicien professionnel, plus rien ne peut être ressenti comme « contre nature ».
La deuxième raison, c’est le retour de la droite et de la gauche à la radicalité qui avait marqué leurs débuts au cours de la Révolution.
La semaine d’hystérie du « faire barrage au RN » est la reproduction, aux arrestations près, du schéma du coup d’État du 4 septembre 1797 qui a vu les milieux d’affaires paniqués par une prévisible vague royaliste dans les urnes s’allier aux inventeurs de la Terreur pour « faire barrage » à la volonté populaire du moment.
Si la France doit aux partenariats entre État et grande entreprise d’avoir accédé au rang de pays développé, il demeure que les courants qui représentent les milieux d’affaires aujourd’hui (macronie, LR, gauche caviar) font preuve d’une totale indifférence à ce que leurs décisions peuvent faire endurer aux gens modestes, pourvu que cela n’entrave pas la bonne marche des « affaires ».
Quant à la gauche, si, grâce à certaines des luttes qu’elle a menées, des catégories sociales ont pu améliorer leur sort, elle demeure néanmoins « essentiellement » une machine de guerre pour prendre le pouvoir par n’importe quel moyen et l’attribuer à une nomenklatura ayant vocation à le conserver par tous les moyens.
Que l’objet de leur addiction soit l’argent ou le pouvoir, l’entraide entre arrivistes sans scrupule n’a rien de « contre nature » : bien au contraire, c’est « tout naturel » !

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