Deux poids, deux mesures…
Dans le monde contemporain, il y a les bons dictateurs et les méchants.
Ainsi, Viktor Orban, élu et réélu (et bien plus nettement qu’Emmanuel Macron !) est-il régulièrement désigné à la vindicte populaire pour atteinte à « l’état de droit ».
Notamment parce que les magistrats sont nommés, en Hongrie, par le pouvoir politique, de même que les journalistes du service public.
C’était aussi le cas de Mateusz Morawiecki, Premier ministre polonais, issu du parti « populiste » Droit et Justice (PiS) – avant son remplacement par le très européiste Donald Tusk.
Curieusement, personne ne semble s’offusquer du fait que les mêmes règles s’appliquent peu ou prou en France.
Personne ne semble non plus s’offusquer du fait que Donald Tusk utilise désormais à son profit que les règles qui apparaissaient si « scandaleuses » entre les mains de son adversaire.
En sens inverse, Ilham Aliyev, président de la république d’Azerbaïdjian (qui a succédé à son père), est le plus souvent ignoré des médias français – qui n’osent tout de même pas le qualifier de grand démocrate, mais n’ont pas grand-chose à lui reprocher.
Pourtant, M. Aliyev viole quotidiennement les frontières de l’Arménie voisine.
Il est notoire qu’une partie du gaz russe, interdit dans l’Union européenne du fait des sanctions, nous arrive par l’Azerbaïdjian – moyennant un copieux renchérissement, naturellement : c’est sans doute ce qui en fait un gaz parfaitement « démocratique » !
La Commission européenne s’était hautement vantée d’avoir obtenu un contrat gazier avec ce pays après l’embargo sur le gaz russe.
Ajoutons que ce sympathique régime ne se contente pas d’enfermer ses opposants politiques dans des geôles qui n’ont pas dû beaucoup évoluer depuis l’Union soviétique, mais qu’il les fait même parfois assassiner sur le sol français, comme l’ancien procureur Vidadi Isgandarli réfugié chez nous.
Je comprends que le « réalisme » impose de discuter avec tous les pays. Mais alors, pourquoi diable certains sont-ils systématiquement tancés, non seulement par les médias, mais même parfois par les dirigeants politiques français ?
Dans ce traitement différencié, il est difficile de se départir de l’idée que quelques milliers de mètres cubes de gaz naturel repeignent un régime d’une jolie coloration « démocratique » et que nous réservons nos insultes aux plus faibles. Très courageux, vraiment !
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