Discrimination positive

Discrimination positive

Le microcosme parisien est en émoi : l’ambassade américaine en France a, paraît-il, adressé une lettre à plusieurs entreprises françaises ayant signé des contrats avec le gouvernement américain pour leur demander si elles appliquaient le décret présidentiel n° 14173.
Derrière ce nom barbare se cache une décision emblématique des débuts de Donald ­Trump à la Maison Blanche : l’abandon de toute discrimination positive (ce que l’on appelle de l’autre côté de l’Atlantique la politique DEI, pour « Diversity, Equity, Inclusion »).
D’après le résumé qu’en a fait le quotidien français « Les Échos », cette lettre précise que toute pratique de discrimination illégale pourrait entraîner une rupture ou un non-renouvellement du contrat des entreprises récalcitrantes avec le gouvernement américain.
Éric Lombard, notre inénarrable ministre de l’Économie (dont le bilan est si brillant que l’on écoute attentivement ses critiques !), a dénoncé les « valeurs du nouveau gouvernement américain ». Le nouveau président du Medef, Patrick Martin, a renchéri, dénonçant cette lettre comme « inadmissible » et comme le reflet d’une « dérive du gouvernement américain, du président américain lui-même, qui veut une emprise sur l’économie mondiale et les valeurs européennes ».
Ce sursaut d’orgueil national blessé serait fort sympathique si ces messieurs avaient refusé naguère l’extraterritorialité du droit américain, juridiquement beaucoup plus problématique que cette lettre. (Autant on peut comprendre que l’administration américaine exige certaines qualités des sociétés qui contractent avec elle, autant il est scandaleux que la justice américaine se saisisse d’affaires dont aucune des parties n’est américaine – et, très « logiquement », nos « élites » se taisent devant le scandale mais poussent des cris d’orfraie devant la lettre !)
Accessoirement, l’Union européenne exige que l’on se conforme à ses règles (y compris en matière de discrimination positive) sur son territoire. Pourquoi diable ce qui semble naturel pour l’Union européenne serait-il scandaleux pour les États-Unis ?
Ajoutons encore que personne ne s’indignait, naguère, que l’administration Biden nous demande des comptes en ce domaine de la discrimination positive.
Encore une fois, le « deux poids, deux mesures » exaspérant de nos perpétuels donneurs de leçons les rend parfaitement inaudibles et illégitimes pour critiquer quiconque !

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