Du 8 mai 1945 à l’élection de Léon XIV
Le 80e anniversaire de la victoire en Europe, VE Day comme Churchill l’appela, aurait dû être célébré avec faste et dignité, à la hauteur de ce que nous devons aux héros de guerre, essentiellement américains et anglais, qui marchèrent sur Berlin et y arrivèrent dès le 7. Certes, le Général de Lattre de Tassigny y contribua, ce qui permit d’inclure la France dans la victoire des forces alliées mais n’oublions jamais l’aide décisive venue du grand large le 6 juin 1944 qui ouvrit la brèche et enclencha le refoulement des Allemands. N’oublions jamais non plus l’horreur de cette guerre et les huit décennies de paix qui suivirent, une anomalie dans l’histoire de l’Europe.
Or, à Paris, les commémorations furent très modestes, en contraste frappant avec les vols magnifiques au-dessus de Londres, presqu’au ras de Buckingham Palace décoré et illuminé aux couleurs nationales ainsi que de nombreux monuments et sites londoniens. Londres où les festivités grandioses s’étalèrent sur 5 jours au cours desquels il y eu des défilés militaires, parades et événements dans toutes les grandes rues, préparés depuis longtemps pour le public avec toute la pompe et la solennité dont nos amis anglais sont capables. Charles III et le Premier ministre Starmer s’étaient accordés pour que l’on observe non pas une mais deux minutes de silence.
Rien de tel chez nous : Macron ranima la flamme sous l’Arc de Triomphe (banal) et se fendit d’un discours presqu’exclusivement axé sur « la gloire des Français de 1945 » – lui qui n’aime pas la France d’habitude et qui venait de recevoir le président ex-terroriste syrien, sans gain apparent pour la France. Discours-spectacle sans rien pour élever les consciences. De plus, le défilé de jeeps de l’époque, a priori une bonne idée, s’avéra décevant. Les véhicules étaient authentiques avec leurs matricules d’origine mais conduits par des militaires et des civils uniquement français, le tout avec une majorité des drapeaux français, comme si les Français avaient été les principaux libérateurs. Point d’orgue, Macron, debout dans l’un de ces camions, défila sur les Champs-Elysées sous les cris de « Macron démission », ce qui indique qu’une partie de la foule elle-même n’était pas en phase avec cet anniversaire émouvant. Donc, un ratage intégral.
Presqu’en simultané, volant aisément la vedette aux commémorations retransmises à la télévision, le nouveau Pape fit son apparition au balcon de la basilique Saint-Pierre. Or, il n’y avait pas urgence ; il nous semble que la curie romaine aurait pu respecter le jour de la Libération de tous les Etats européens, Vatican compris. Même l’Allemagne a fêté sa libération.
Cette élection papale, après seulement deux jours de délibérations supposées, traduit plusieurs faits que les 1,4 milliard de catholiques ne mesurent peut-être pas tous. Tout d’abord, si l’élection n’a prit que deux jours, c’est qu’elle était décidée d’avance. On se demande même ce qui a pu bloquer au premier jour. Feu le pape François a assuré son legs en nommant quelque 80% de cardinaux-électeurs progressistes et en se choisissant un successeur qui, à défaut d’être un clone de lui-même, continuera sur la pente glissante du « progressisme », c’est-à-dire de la gauche dure. Les premières paroles du Pape ont été « Paix dans le monde » mais aussi « Merci au pape François », sans préciser pour quelle raison.
Le cardinal Nolan, grande figure de la cathédrale Saint-Patrick de New York, avait expliqué dans une interview à Fox News, que les délibérations étaient fort utiles en ce qu’elles permettaient aux cardinaux de faire connaissance et d’évaluer les mérites des papabili (les cardinaux éligibles). De plus, il ne pensait pas l’élection d’un pape américain probable « car les cardinaux veulent éviter une concentration des pouvoirs ». Jamais le cardinal Sarah (traditionaliste) ni le cardinal Nolan (modéré) n’eurent une chance – bien que tous deux eussent pu être des « premières » selon une des marottes de la gauche (respectivement « le premier pape noir » ou « le premier pape américain »).
Et pourtant, c’est bien un « premier pape américain » qui vient d’être élu, nous assure-t-on, et le président Trump a aussitôt gracieusement félicité l’élu et salué cet « honneur » fait à l’Amérique.
Mais en quoi ce pape est-il américain ? En ce qu’il est né à Chicago aux Etats-Unis de parents immigrés (légaux), aux origines françaises, italiennes et espagnoles. Sitôt ordonné prêtre en 1982, il postula pour être nommé au Pérou (dont il obtiendra la nationalité) et attira l’attention du futur pape François qui assura ensuite ses promotions successives jusqu’à ce qu’il devienne évêque de Chiclayo, dernière étape avant le cardinalat et Rome. Le 267e pape est donc davantage un autre pape latino-américain, avec les idées politiques anarchisantes, socialisantes et même communisantes de ce continent.
Léon XIV boucle la révolution commencée bien malgré lui par Léon XIII avec son Encyclique Rerum Novarum dont les buts élevés furent vite pervertis par les idéologues marxistes. Le nouveau pape a fait siennes toutes les croyances du pape François à commencer par sa ferveur pour l’immigration massive du Sud global vers le Nord qu’il associe à l’écologisme catastrophiste. Avant son élection au Saint-Siège, il s’était déjà distingué en parlant de « disgrâce » pour qualifier la politique de re-migration de Donald Trump : « Vous ne voyez donc pas les souffrances ? Cela ne perturbe-t-il pas votre conscience ? » Sa Sainteté ignore les souffrances (meurtres, viols et violences) infligées par les illégaux aux populations. Comme François, il pense qu’il n’y a pas d’immigrés illégaux et fausse la question par ce sophisme : « Il n’y a pas d’êtres humains illégaux. »
Les catholiques conservateurs sont las des papes politiques et particulièrement de leur orientation qui divise les paroissiens en bonnes ouailles (qui suivent sans discuter) et les autres. Ils se sentent de plus en plus les mal aimés d’une Eglise qui devrait être universelle mais a choisi d’être mondialiste et qui fait passer le social avant le spirituel. Il faut bien le reconnaître, il y a dans l’Eglise comme dans toutes les institutions, et au Vatican comme dans tous les états occidentaux, un Etat profond ou « marécage » qui impose la doxa woke.
Enfin, en matière de pape, Léon XIV est un perdreau de l’année, pas même septuagénaire, ce qui condamne les catholiques conservateurs plus âgés à ne plus jamais connaître un pape tout simplement traditionnel et apolitique.
A moins que Léon XIV ne soit touché par la grâce et nous ménage une vraiment divine surprise.
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