Élections européennes et question linguistique

Élections européennes et question linguistique

S’il y a une question qui ne sera pas abordée durant la campagne des élections européennes, c’est bien celle de la langue.
Et cette question ne sera pas abordée, car l’imposition de l’anglais (et en premier lieu dans nos écoles), à laquelle nous assistons depuis au moins trois décennies, doit se faire en catimini, pour que les peuples d’Europe ne s’aperçoivent pas du subterfuge et soient mis devant le fait accompli : l’anglais est partout, alors cette langue doit être la langue officielle de l’UE, la langue commune des Européens. Puis, bien sûr, elle deviendra par la force des choses leur langue tout court, car, après tout, pourquoi continuer à apprendre les langues nationales puisqu’elles sont devenues inutiles pour vivre et travailler, comme le sont devenues les langues (régionales) de nos aïeux ?
L’éviction du français en tant que langue de travail de la Commission européenne a été magistralement mise en lumière le 6 mai dernier par Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, qui, invitée à l’Élysée par le président Macron dans le cadre de la visite du président chinois Xi Jinping à Paris, n’a parlé qu’en anglais lors des échanges qu’elle a eus avec les deux présidents.
Cerise sur le gâteau : Ursula von der Leyen est intervenue aussi en anglais au sein de la Représentation en France de la Commission européenne, c’est-à-dire devant un public largement composé de Français.
Qui a autorisé Mme Von der Leyen à s’exprimer, au nom de l’Union européenne, dans la langue de Pfizer, la langue de ses amis états-uniens qui veulent nous vacciner à l’angliche pour mieux nous soumettre ?
Face à ce constat on ne peut plus alarmant sur l’emprise de l’anglo-américain sur l’Europe, une emprise qui nous met de fait sous la dépendance états-unienne tant idéologique, militaire, culturelle que politique, nous demandons aux politiciennes et aux politiciens de tout bord de réagir instamment, en déclarant :
– que l’anglais, suite au Brexit, ne fera plus partie des langues de travail au sein de l’Union européenne ;
– que, suite à ce départ, deux grandes langues européennes le remplaceront : l’espagnol et l’italien. Ce qui fait qu’il y aura désormais 4 langues de travail au sein de l’Union européenne : l’allemand, l’espagnol, le français et l’italien ;
– que, pour faciliter les traductions dans les 24 langues officielles de l’UE, le français sera pris comme langue pivot.
Par ailleurs, il sera décidé que :
– dans toutes les écoles primaires de l’UE, sera mise en place une initiation aux langues étrangères afin d’éveiller la curiosité des élèves sur les langues en général, sur les langues du monde, sur les divers alphabets, sur les différentes façons de transcrire la pensée, etc. Les grands groupes linguistiques seront étudiés, mais on parlera également des langues dites « exotiques », régionales et minoritaires, ainsi que de l’espéranto, langue facile à apprendre et construite pour mettre tout le monde sur un pied d’égalité pour la communication internationale.
– à l’entrée au lycée, pour éviter la ruée sur la langue des États-uniens, on enseignera désormais deux langues étrangères en généralisant les classes bilangues, c’est-à-dire des classes où l’on apprend non pas une seule langue étrangère mais deux (LV1 + LV1).
Parce que nous, Européens, nous ne sommes pas des peuples colonisés, parce que la richesse de l’Europe réside dans la diversité de ses langues et de ses cultures, parce que, comme disait l’universitaire et écrivain Umberto Eco, la langue de l’Europe, c’est la traduction, et parce que nous n’avons pas à connaître systématiquement la langue qui se parle du côté de Washington pour vivre, étudier et travailler, alors tous ensemble, nous disons « NON » à la politique du tout-anglais actuellement menée par Mme Von der Leyen et Cie, et nous voulons faire le nécessaire pour que vive la devise de l’Europe : « Unis dans la diversité ».
Ce faisant, Mesdames et Messieurs les politiciens, nous vous demandons instamment de nous défendre en défendant nos langues, et le français en premier puisque nous faisons partie de la grande famille des francophones, et en cela nous vous prions d’inclure dans vos programmes politiques pour la France et pour l’Europe ce combat-là, ce combat qui peut se résumer par le slogan : « US language go home ! ». Haut les cœurs!

Régis Ravat, Président de l’Afrav

 

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Comments (1)

  • JN Répondre

    Il y une liste qui aborde cette problématique : la liste espéranto

    5 juin 2024 à 9 h 39 min

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