Encensement obligatoire de Marianne

Encensement obligatoire de Marianne

Le 10 juin dernier a été déposée au bureau de l’Assemblée une proposition de loi « visant à interdire et sanctionner les contenus et discours à caractère anti-républicain ».
Cette proposition, rédigée par le député LR Vincent Jeanbrun, est signée d’une vingtaine de députés du « bloc central », notamment par Laurent Wauquiez, président du groupe LR à l’Assemblée.
Cette dernière signature a logiquement attiré l’attention des observateurs.
Si ce texte était voté, tout propos « anti-républicain » serait désormais puni de 3 ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende.
Mais qu’est-ce qu’un propos anti-républicain ? Le texte y répond aussi clairement qu’il est possible de répondre à une question fumeuse.
Il s’agit (selon l’article 1er) :
– de l’appel à la violence contre des personnes ou des institutions en raison de leur attachement aux valeurs républicaines (!) ;
– de la remise en cause du caractère démocratique, laïque et indivisible de la République ;
– de la promotion d’un régime fondé sur des principes contraires à ceux de la République.
Ce fourre-tout permet de criminaliser n’importe quoi – et d’abord des idées qui ne mettent nullement en péril la nation.
De toute évidence, le vieux royaliste que je suis tomberait sous le coup de cette loi (je commence à avoir une certaine habitude des lois liberticides en tout genre qui fleurissent à mesure que l’État s’enfonce dans l’impuissance).
Manifestement, ce texte vise principalement ce que l’on nomme de façon pléonastique « l’islam politique » – à commencer par les frères musulmans, expressément visés dans l’exposé des motifs.
Mais pourquoi diable la France ne pourrait-elle pas pénaliser l’idéologie frériste (comme tant de pays musulmans le font déjà), sans criminaliser toute contestation des travers de Marianne V ?
Car je ne crois pas être particulièrement anti-national lorsque je dis qu’Emmanuel Macron est un désastreux chef de l’État – et que je lui préfère la grande majorité des « quarante rois qui, en mille ans, ont fait la France ».
Par ailleurs, mets-je en danger la cohésion nationale si je dis que je refuse la conception de la laïcité défendue par des républicains aussi différents que Jean-Jacques, le petit Père Combes, Jacques Chirac ou Emmanuel Macron – qui s’enorgueillissaient tous, non pas de distinguer le spirituel et le temporel (ce que Saint Louis ou sainte Jeanne d’Arc faisaient bien mieux qu’eux), mais bel et bien de récuser toute loi supérieure qui échapperait au pouvoir du parlement, rejetant non seulement l’enseignement du Christ, mais aussi, et surtout, toute la civilisation européenne, à commencer par Antigone ?
C’est pourtant cela que M. Wauquiez et ses collègues veulent criminaliser.
Une nouvelle fois, en refusant de désigner clairement l’adversaire – en l’occurrence l’islamisme ou le communautarisme d’extrême gauche –, nos politiciens veulent réduire au silence l’ensemble des Français. Et, ce faisant, c’est l’ensemble de notre civilisation qu’ils condamnent.
Certes les royalistes sont minoritaires en France mais j’avoue que je ne parviens pas à voir en quoi leurs idées mettraient la patrie en péril. À moins que ce ne soit tout simplement l’expression d’une idée dissidente qui pose un problème (et la lecture du Contrat social de Rousseau pourrait facilement pousser à cette interprétation), mais alors M. Macron et les siens seraient mal venus de nous rebattre les oreilles du fameux droit des minorités !
Pour le moment, ce que je constate, c’est surtout la tyrannie d’une puissance occupante qui déteste l’être historique de la France et se sert de l’islam pour condamner toute forme d’opposition à son entreprise de destruction.

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