Europe : le souffle de la guerre

Europe : le souffle de la guerre

En septembre 2022 (n° 1361), nous nous inquiétions du glissement de l’UE vers une posture de co-belligérance en faveur de l’Ukraine, dans le conflit opposant celle-ci à la Russie.
L’appui apporté depuis par l’UE à l’Ukraine n’a cessé de s’accroître, de s’approfondir, et nous sommes aujourd’hui parvenus à un degré d’implication proche de la co-belligérance véritable, ce qui n’est pas sans danger.
Par bonheur, jusqu’ici, peut-être retenu par la conscience que l’UE est adossée à l’OTAN, c’est-à-dire aux Américains, Poutine a gardé son sang-froid. C’est ainsi qu’il n’y a pas eu, pour l’heure, d’attaque russe, à titre de représailles, contre les détachements qu’en « bon petit soldat » de l’OTAN notre gouvernement a positionné dans les pays Baltes et en Roumanie.
Mais voilà que, sur le front, en raison de la disproportion des forces entre les belligérants, le vent est en train de tourner en faveur de la Russie après ses déboires initiaux. Le président de l’Ukraine qui, dès le début du conflit, avait trouvé une oreille attentive à ses doléances auprès de Bruxelles, exhorte depuis les dirigeants européens à mettre tous les moyens à son service.
C’est dans ce contexte qu’en mars dernier, sortant de la prudente réserve observée jusqu’ici par tous au sein de l’UE, le président français a envisagé l’impensable, une intervention directe dans le conflit avec l’envoi de troupes au sol.
Cette perspective s’est heurtée à une large hostilité, notamment de l’homme fort de l’Europe, l’Allemagne. On pensait dès lors que le risque d’embrasement général du conflit susceptible de résulter de cette initiative était conjuré, mais il n‘en est rien.
En effet, considérant que l’issue de l’affrontement ne peut résider que dans une défaite de la Russie, le chef de l’État vient de remettre une pièce dans la machine. On est passé de l’hypothèse de travail à la ferme intention.
En accompagnement, côté haut commandement de l’armée française, le chef d’état-major de l’armée de terre a fait savoir qu’il était en mesure d’envoyer une division sans retard sur le front, soit 20 000 hommes. « Nous sommes prêts » a-t-il claironné dans les médias, manière de s’inscrire en opposition à l’opinion publique, hostile à plus de 70 % à ce basculement dans la guerre. Mais, l’on voit bien que l’on n’en est plus au stade du projet.
Cette agitation n’est peut-être qu’une diversion destinée à distraire les Français des vrais sujets de leur pays : crise des finances publiques, insécurité, immigration déferlante. Il est toutefois indéniable qu’il existe au sein de nos autorités une ostracisation de la Russie. Le président s’est même donné un top départ : l’éventuelle percée du front par les Russes. En ce cas, on ne pourrait pas, selon lui, rester l’arme au pied. C’est assez clair même si cela a été formulé par lui de manière conditionnelle : une demande de l’Ukraine. Zélensky qui prétend qu’il attend surtout des armes modernes (qu’il a déjà !) ne serait sans doute pas fâché de ce renfort de nature à enclencher l’entrée de l’OTAN dans le conflit, et donc de sauver son trône.
Il faut prendre au sérieux ce bellicisme têtu alors que les intérêts vitaux de notre pays ne sont pas en jeu. Alléguer que l’Ukraine vaincue, la Russie ne s’arrêterait pas là est une pure conjecture, largement répandue cependant pour accoutumer, semble-t-il, l’opinion publique à l’idée du caractère inévitable de la guerre avec ce pays.
Nous saluons ces jours-ci la mémoire de nos combattants tombés à Dien Bien Phu, il y a 70 ans. Malgré leur professionnalisme et leur combativité, ils ont fini submergés par les vagues sans cesse renouvelées des attaquants, car le Viet-Minh ne comptait pas les pertes. C’est un peu la même chose sur le front ukrainien. L’armée russe continue d’avancer inexorablement. Elle paie sans doute le prix fort, mais elle avance. Que feraient nos 20 000 hommes, même bien équipés, dans cette fournaise ?
À la guerre le pire est toujours possible. C’est ce que nous enseigne la chute de notre camp retranché. À 70 ans de distance, ce naufrage doit éclairer nos dirigeants. Ce n’est pas être « munichois » que d’être prudent, cela s’appelle aussi le discernement et le souci d’être économe du sang des hommes. Nos dirigeants ont, dans le passé, suffisamment péché de ce côté.

Partager cette publication

Comments (1)

  • quinctius cincinnatus Répondre

    Les jeunes et moins jeunes Ukrainiens en âge d’ être appelés sous les drapeaux fuient leur Pays, principalement vers la Roumanie, au risque de leur vie, car cette guerre n’ est pas leur guerre … Pourquoi serait elle la nôtre ?
    Les Temps ont changé et l’ Occident n’a plus la ” Maîtrise ” du Monde pas plus en Ukraine … qu’ en Nouvelle Calédonie ou encore à … Gaza ( lire Ha’arretz )
    Il faudra bien que nos matamores et moralistes civils et militaires se fassent à cette idée même si elles entraîne bien des frustrations d’ amour propre et de vanité
    il y a de cela quelques jours j’ étais dans ma bonne Ville de Lyon , plus précisément dans un quartier huppé de la ville ( le 6 ième arrondissement ) … J’ ai pu y rencontrer des femmes Ukrainiennes faisant des ” courses alimentaires ” … hors de prix, Bernachon , Mère Brazier …

    28 mai 2024 à 15 h 01 min

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *