Féminisme au Panthéon

Féminisme au Panthéon

Les brillants esprits qui prétendent nous gouverner n’en manquent décidément pas une et manifestent un sens des priorités qui ne manquera pas de réjouir les Français.

C’est ainsi que l’inénarrable Élisabeth Borne, dont le bilan politique est si brillant, vient de sortir une proposition qui va sans nul doute régler les problèmes de notre pauvre pays : « dégenrer » la devise qu’on voit au fronton du Panthéon.

Comme chacun sait, l’ancienne église Sainte-Geneviève, au sommet de la « montagne » du même nom, en plein cœur du quartier latin, arbore cette phrase : « Aux grands hommes, la patrie reconnaissante ».

On peut dire beaucoup de choses sur le Panthéon. Beaucoup, au XIXe siècle (et même après), ont trouvé un peu ridicule cette façon de désacraliser une église pour en faire une sorte de temple romain factice. Beaucoup ont regretté la partialité des choix qui y font figurer les « grands hommes » depuis Rousseau et Voltaire.

Mais il a fallu attendre 2025 pour découvrir que les « grands hommes » étaient une expression misogyne.

Pourtant, six femmes étaient déjà enterrées dans le célèbre mausolée.

Car, évidemment, il existe des femmes reconnues comme des « grands hommes ».

En français – même si l’effondrement de la langue fait que même la ministre de l’Éducation nationale semble l’ignorer –, le masculin l’emporte sur le féminin.

Non pas au sens où les hommes seraient toujours et partout supérieurs aux femmes, mais au sens où l’on dit « ils », même quand cela désigne 99 femmes et un homme.

C’est ainsi. On peut juger que cette règle de grammaire est idiote. On peut même juger, si l’on y tient, qu’elle est injuste (comme si la justice devait être une qualité de la grammaire !). Mais il faut bien des règles de grammaire pour que nous nous comprenions.

La réforme mirobolante de Mme Borne ne profitera en rien aux femmes.

Leur sort ne sera ni pire ni meilleur si le Panthéon indique en mauvais sabir : « Aux grands hommes et grandes femmes la patrie reconnaissante ».

Ce sera simplement grotesque. Mais cela en dit long sur l’intérêt que la caste jacassante porte à notre civilisation d’une part et à nos contemporains d’autre part. Sans doute Mme Borne pense-t-elle qu’après ce coup d’éclat, les femmes vont voter pour la Macronie jusqu’à la fin des temps. Si c’est le cas, elle pense probablement que le féminisme implique de prendre les femmes pour des idiotes !

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