Forces et faiblesses de Jordan Bardella et du RN

Forces et faiblesses de Jordan Bardella et du RN

Le livre de Jordan Bardella a été abondamment évoqué par les médias – mais davantage pour les péripéties qui ont entouré son lancement (et le refus de la régie publicitaire de la SNCF d’honorer son contrat) que pour son contenu.
Pourtant, ce livre mérite d’être lu, tant il manifeste à la fois les forces et les faiblesses du Rassemblement national – au-delà même de la personnalité de son jeune président.
S’agissant des forces, la première saute aux yeux à la lecture de ces pages : Jordan Bardella aime la France et veut se battre pour elle. Cela semble banal mais tant de dirigeants politiques – à commencer par le chef de l’État lui-même – considèrent que la France relève de l’histoire ancienne que cela mérite d’être relevé.
Par ailleurs, nombre de propos de l’auteur relèvent du bon sens – et cela aussi est rafraîchissant en un temps où les « experts » ont largement démontré leur incurie.
En particulier, les pages sur l’immigration et l’assimilation me semblent tout à fait justes – et d’autant plus pertinentes qu’elles viennent d’un descendant de famille immigrée qui a passé sa jeunesse en Seine Saint-Denis.
On pourra bien sûr se méfier d’un jeune homme qui n’a jamais rien fait d’autre que de la politique. Mais pourquoi réserver cette méfiance à Jordan Bardella, alors que la quasi-totalité des politiciens français sont dans la même situation (ce qui est d’ailleurs l’une des principales causes des maux dont souffre la France) ?
Au demeurant, cette méfiance a une contrepartie : beaucoup (y compris votre serviteur) sont admiratifs du talent, du courage et de l’esprit de repartie que révèle Jordan Bardella sur des plateaux télévisés souvent hostiles, depuis qu’il est sorti de l’anonymat à l’occasion de la campagne européenne de 2019.
Mais ce livre mérite également d’être lu pour ce qu’il manifeste des faiblesses du RN.
De ce point de vue, la première chose qui frappe est la difficulté de ce parti à envisager des alliances avec des forces politiques différentes.
Le livre fourmille de déclarations très dures contre Éric Zemmour (souvent qualifié de « sulfureux », selon la rhétorique de l’extrême gauche). Certes, ce dernier a beaucoup critiqué le RN, mais comment ne pas voir qu’il représente quelques centaines de milliers d’électeurs susceptibles de permettre la victoire d’une coalition nationale ? Le plus fort (en l’occurrence le RN) devrait être aussi le plus lent à attaquer ses voisins.
On peut bien sûr se réjouir des pages qui vantent l’alliance avec Éric Ciotti, mais il est urgent que la droite nationale apprenne enfin qu’alliance ne signifie pas ralliement ni soumission.
Cependant, ce qui m’inquiète le plus, à la lecture de ce livre, c’est l’acceptation de la domination idéologique de la gauche. C’est d’autant plus remarquable que Jordan Bardella écrit en toutes lettres : « Il est essentiel de ne pas laisser l’adversaire vous définir » (même si, depuis 1789, c’est la gauche qui définit ses adversaires). Or, quelques pages plus loin, il s’associe précisément audit adversaire pour dénoncer « l’héritage sulfureux » du FN.
Si la droite nationale veut l’emporter, il faudra qu’elle rompe clairement avec la gauche qui détruit notre pays – en s’alliant avec tous ceux qui rejettent cette destruction. Et le plus tôt sera le mieux !

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