Gouvernement Barnier : la déception qui vient

Gouvernement Barnier : la déception qui vient

J’ai plutôt accueilli la nomination de M. Barnier comme Premier ministre avec soulagement.
On l’avait échappé belle. Après les élections législatives truquées aux dépens du RN, avec la complicité de tous les autres partis et d’une partie de leurs électeurs, on pouvait s’attendre à bien pire.
Bien sûr, il était évident, dès cette annonce, que la tâche lui serait difficile, ayant contre lui, outre le NFP, une partie de la macronie qui le soutient comme la corde soutient le pendu ; et avec, en embuscade, le RN, légitimement frustré et à l’affût du faux pas démontrant que n’étaient pas prises en compte les attentes des Français sur des sujets qui leur tiennent à cœur : l’immigration et la sécurité.
Sa déclaration de politique générale m’a déçu.
Je m’attendais à ce qu’il se contente de fixer des lignes directrices claires, qu’il dessine le squelette de son action, laissant le soin à ses ministres d’en préciser le contenu.
Au lieu de cela, nous avons eu un long catalogue de mesures assez vagues où l’essentiel était noyé dans l’accessoire, débité d’un ton assez anesthésiant.
Il fallait deviner l’intention de bonne volonté. L’impression de mollesse a dominé et il fallait chercher à se rassurer en fouillant dans le détail. On me dira aussi qu’il lui fallait être prudent, conscient qu’il était de ne pas avoir de majorité, même relative. Mais cette donnée sera présente pendant toute la durée de sa mission et, si elle est trop prégnante, elle risque d’être paralysante.
Sachant que 70 % des Français, tous partis confondus, attendaient des mesures fermes et urgentes dans les domaines régaliens, il pouvait, dans un discours énergique, parler directement aux Français des sujets les plus préoccupants, en passant par-dessus la tête des chefs de partis et de groupes à l’Assemblée, les culpabilisant ainsi aux yeux de leurs électeurs s’ils ne le suivaient pas.
Il ne l’a pas fait ; il s’est privé d’un atout. Première déception.
Le constat de l’état catastrophique des finances du pays, joint à l’urgence de présenter un budget, a placé logiquement ce sujet en numéro un des préoccupations gouvernementales.
Mais, à la surprise générale, ce gouvernement, en principe de droite, propose surtout une augmentation des prélèvements, que ce soient les taxes ou impôts, qui frapperont tout le monde, et pas seulement les « super-riches » comme annoncé.
Je ne sais pas si c’était inévitable ; évidemment, c’est la mesure qui rapportera le plus vite.
Les économies ne sont évoquées qu’à la marge et semblent bien dérisoires. Pourtant, certaines, non évoquées, pourraient être d’un effet rapide. C’était l’occasion de frapper un grand coup et donner des gages aux Français : faire savoir qu’on réduisait immédiatement le nombre de visas d’immigrants, qu’on démarrait vraiment l’expulsion des clandestins et des OQTF, qu’on supprimait les subventions aux innombrables associations inutiles ou nuisibles, et tant d’autres dont l’inventaire est connu.
On montrait ainsi aux Français que, si on leur demandait d’un côté, on leur donnait de l’autre – tout en commençant du même coup à traiter vraiment les problèmes d’immigration.
Le 49-3, les décrets, les règlements, les décisions administratives, ou la simple application ferme des lois existantes, permettaient un début d’action rapide sans attendre les décisions aléatoires de l’Assemblée.
Les déclarations fermes de M. Retailleau vont vite faire penser à celles de M. Darmanin si on n’en voit pas rapidement les effets. Il fallait donner de l’ampleur à ces annonces et passer aussitôt aux actes, pour faire, peut-être, passer en même temps la pilule des augmentations d’impôts.
Parti comme c’est, les Français n’en retiendront que les augmentations des taxes et impôts ; et le RN aussi, dont dépend sans doute ce gouvernement pour sa survie. C’était l’occasion de faire du « en même temps ».
C’est la deuxième déception.
L’allure distinguée, rassurante, l’urbanité, le calme de M. Barnier sont-ils le signe d’une détermination impavide ou d’un manque de détermination ?

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