Gouvernement et radio d’État

Gouvernement et radio d’État

Nos chers oligarques n’hésitent pas à dénoncer la Hongrie ou naguère la Pologne pour leur absence supposée de liberté d’expression.
Mais ils devraient commencer par balayer devant leur porte.
L’impression que donne le paysage médiatique français est que le « service public » y est une (coûteuse) agence de presse gouvernementale, tandis que les médias privés, propriétés dans leur immense majorité de milliardaires qui vivent de la commande publique, ne sont guère incités à l’impertinence vis-à-vis du Pouvoir.
Tout récemment, lundi 3 juin, nous avons même assisté à une scène ahurissante.
Valérie Hayer, tête de liste de la majorité présidentielle aux élections européennes, manifestement en difficulté puisqu’elle est au moins 10 points derrière Jordan Bardella dans les sondages et qu’elle n’est plus qu’à un ou deux points devant Raphaël Glucksmann, était interrogée sur France Info.
Le Premier ministre Gabriel Attal a tout à coup fait irruption sur le plateau et est intervenu à sa place.
Passons sur l’image que cela donne des relations au sein de la majorité présidentielle (ce remplacement impromptu fait très nettement penser que les dirigeants de ladite majorité estiment que Valérie Hayer n’est pas à la hauteur).
Ce qui est plus curieux, pour des gens qui n’ont que la liberté de la presse (chez les autres) à la bouche, c’est que le Premier ministre s’est comporté comme s’il allait de soi qu’il était chez lui sur tout plateau du si mal nommé « service public ».
Quelques minutes plus tard, François-Xavier Bellamy, tête de liste LR aux européennes, a dénoncé cette sidérante opération de communication.
Comment lui donner tort ?
Comme il l’a dit lui-même, nous ne sommes plus au temps de l’ORTF. Mais, même à cette époque, jamais un ministre, fût-il le premier, ne se serait autorisé à intervenir à la radio d’État sans y avoir été invité. Bien sûr, le gouvernement étant la tutelle de l’ORTF pouvait le faire inviter, mais on respectait les formes.
Aujourd’hui, même les formes ont disparu. Les ministres se comportent comme si la France leur appartenait et le font pesamment savoir à tous les Français.
L’absence d’indépendance des journalistes les y autorise certes. Mais il ne faut pas, dans ces conditions, s’étonner que politiciens et journalistes soient « amalgamés » dans un même opprobre et accusés des mêmes mensonges par la quasi-totalité des Français !

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