Honneur aux officiers perdus !
Vous avez publié un roman sur les « Officiers perdus » de la guerre d’Algérie. Pourquoi revenir sur ce sujet 60 ans plus tard ?
Je pourrais répondre précisément à cause du 60e anniversaire des accords d’Évian, ce 18 mars, mais cela serait faux : ce n’est qu’une coïncidence.
En 1982, alors que je sortais Lieutenant du 13e Dragon Parachutiste, est sorti sur les écrans « L’honneur d’un Capitaine » de Pierre Schoendoerffer, où Nicole Garcia s’emploie à laver l’honneur de son mari injustement sali par les médias même après sa mort. Ce jour-là, je me suis juré qu’un jour, je laverai l’honneur de mon père incarcéré comme un criminel après le putsch d’Alger ! Jusqu’à présent, je n’avais pu le faire.
Que reste-t-il du putsch d’Alger ?
Je sentais que la blessure n’était pas cicatrisée. Le succès de mon livre le démontre mais je suis surpris par l’ampleur de cette blessure qui est vivace dans les trois publics évidents : les militaires, les pieds-noirs et les harkis.
Mais pas seulement car des millions de Français sont concernés pour avoir un parent proche ou même par alliance dans un de ces trois publics, militaire, pied-noir ou harki. Chez tout le monde, c’est un sentiment d’une terrible injustice ! Une injustice jamais réparée et même pire, toujours niée !
Le putsch d’Alger est aussi le symbole, et peut-être le dernier, d’une France qui voulait rester elle-même, fière de ce qu’elle avait toujours été et qui en a été empêchée. Le sentiment d’injustice largement dû aux Américains et aux Russes touche donc aussi tous ceux qui se sentent de la droite nationale, les tenants ou nostalgiques de la France éternelle – et cela fait beaucoup de monde !
À une époque où la France semble submergée par une immigration massive en provenance de ses anciennes colonies, diriez-vous que De Gaulle a été visionnaire (en refusant que son village devienne « Colombey-les-deux-mosquées ») ou que l’échec de la pacification en Algérie a accéléré notre propre déclin ?
Dire que De Gaulle a été visionnaire serait typique de la post-rationalisation ! On peut d’ailleurs dire, à l’inverse, que si Renault et Peugeot et d’autres avaient pu construire leurs usines là-bas, les migrants n’auraient plus eu ni le besoin, ni même l’envie de venir ici !
On a donné l’Algérie, d’une part, à des gens qui avaient perdu la guerre et qui donc n’étaient absolument pas préparés à la gérer, et d’autre part, à un système, le FLN, sur le modèle de la Russie soviétique, la corruption en plus.
Cela ne pouvait pas marcher ; malheureux chez eux, ils viennent chez nous.
Les pieds-noirs vous diraient, et je les crois, qu’ils avaient réussi la première colonie de peuplement française, celle-ci brutalement interrompue avec le fameux choix tragique : la valise ou le cercueil !
Alors oui, l’échec algérien a accéléré notre propre déclin mais ce n’est pas l’échec de la pacification. Dès 1958, la guerre était gagnée, l’Algérie pacifiée ! On pouvait circuler à bicyclette partout sans le moindre danger. Le danger a reparu avec les accords d’Évian : il y a davantage de morts dus à la paix que dus à la guerre. Quel succès !
Pour conclure on a demandé à l’Armée française de faire une guerre et de la gagner. Cela a été fait ! Et, ensuite, on a demandé à une armée victorieuse de donner le pays aux vaincus : les assassins du FLN.
Le putsch a été fait avant tout sauver la population qui avait soutenu la France. Quantitativement, en premier les musulmans (et pas seulement les harkis), puis les pieds-noirs et les militaires.
Le putsch était simultanément inévitable et voué à l’échec. Lisez « Officiers perdus » et vous comprendrez !
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