Il faut les pleins pouvoirs pour le prochain président !
François Bayrou voudrait bien présider au redressement des finances publiques de la France, mais il ne le peut pas, car il n’a pas de majorité parlementaire et parce qu’il est impopulaire.
En plus, le président de la République, bien décidé à conserver son poste jusqu’en 2027, s’oppose à son projet de consulter les Français par référendum sur ce thème crucial.
Dans une position de force politique qui semble exactement à l’inverse, autrement favorable, on voit le président Donald Trump, bien élu le 5 novembre 2024, disposant d’une majorité absolue à la Chambre des représentants comme au Sénat, être obligé de reculer dans la guerre commerciale déclarée à la terre entière, sous la surveillance étroite des marchés financiers, et sous la pression constante des juges (non seulement des 1 457 juges fédéraux, mais aussi de ceux des cinquante États fédérés).
Tels Gulliver (hors situation de guerre), les responsables des gouvernements démocratiques paraissent enchaînés : en tout cas, incapables d’agir à leur aise.
Si cette observation est fondée, on pourrait d’ailleurs s’en réjouir : moins la sphère publique est libre d’agir, plus la sphère privée devrait disposer de libertés pour agir.
Mais ce n’est pas du tout le cas !
La sphère publique grignote jour après jour la sphère privée, et les responsables politiques qui disent vouloir enrayer ce phénomène n’y parviennent pas. Comme si la socialisation de la société avançait toute seule.
S’agissant de la France, il faut remonter au mois de mai 1958, pour trouver le plus récent moment de véritable redressement national, économique, institutionnel et sociétal.
Profitant habilement des circonstances le général de Gaulle, alors âgé de 68 ans et à 13 % dans les sondages, obtient les pleins pouvoirs le 1er juin 1958, et met la Ve République sur les rails, avec un franc fort, et des réformes de structures qui permettent à la France d’entrer la tête haute dans la Communauté économique européenne.
Si l’on remonte, pour la France, au-delà de 1958, il y a eu aussi 1940 et, le 10 juillet, le vote des pleins pouvoirs constituants à Philippe Pétain par un vote du Parlement composé de la Chambre des députés et du Sénat, convoqué à Vichy (Allier) par le président de la République Albert Lebrun, à la demande du président du Conseil, le même Philippe Pétain.
Comme cet événement est aujourd’hui unanimement décrié, y compris par les représentants des partis qui, alors, y furent favorables, même le général de Gaulle vit se dresser contre lui en 1958 les représentants des partis qui avaient voté pour les pleins pouvoirs au Maréchal, avant de le rejoindre dans la Résistance.
Sans la crainte des colonels insurgés d’Alger, et leur menace d’envoyer des parachutistes sur Paris, les pleins pouvoirs demandés par le général ne passaient pas.
Aujourd’hui, alors qu’aucun homme providentiel n’apparaît, et que les circonstances, même graves, ne sont pas de l’ordre d’une défaite militaire territoriale, je suggère à un éventuel candidat à ce nécessaire redressement de s’inspirer plutôt de Cincinnatus, dictateur romain, dont la mémoire est justement honorée depuis plus de vingt-cinq siècles !
C’est-à-dire accepter le pouvoir, avec les pleins pouvoirs, non pas pour y demeurer cinq ou dix ans, mais pour un temps très limité ; non pas pour s’installer au Panthéon, mais pour sauver la patrie, la servir, et se retirer ensuite.
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