Impartialité du « service public »
L’affaire Cohen-Legrand, que nous avons déjà évoquée ici, n’en finit pas de faire des remous – et de manifester la partialité de la caste jacassante.
Rappelons que cette affaire a été lancée par une vidéo diffusée par le mensuel conservateur « L’Incorrect » et montrant les journalistes Thomas Legrand et Patrick Cohen se félicitant devant des dirigeants du Parti socialiste de « faire ce qu’il faut » contre Rachida Dati, la candidate LR à la mairie de Paris – parmi bien d’autres éléments (au moins aussi contestables) de leur agenda politique.
Personnellement, je ne crois pas à la neutralité des journalistes : il me semble logique que ces derniers aient des idées et qu’ils veuillent les faire gagner.
Ainsi, ne me viendrait-il pas à l’esprit de dire que mes idées sont seules au cœur du « cercle de raison » – et même dans les idées avec lesquelles je suis en désaccord, je peux facilement trouver des faits et des raisonnements utiles pour ma propre réflexion.
Mais la presse « mainstream » prétend, elle, au monopole de l’objectivité. Inutile de dire que nous en sommes loin. Rappelons qu’en 2012, selon l’institut Harris, il y eut plus de journalistes à voter Mélenchon qu’à voter Sarkozy, alors que, dans la population globale, ce dernier avait réuni près de trois fois plus de suffrages que le premier !
Quant au service public, financé par nos impôts, il devrait être exemplaire en matière d’objectivité – et donc faire intervenir des chroniqueurs et journalistes de droite aussi nombreux que ceux de gauche.
Ce que je reproche à ces médias dominants n’est donc pas (seulement !) leur tropisme vers la gauche, mais le fait qu’ils prétendent être seuls rationnels (comme si, pour nous, seules des pulsions barbares pouvaient expliquer nos choix politiques) et qu’ils prétendent à une impossible neutralité.
Cette affaire a donc montré l’évidente partialité du « service public ». Sous la pression de la polémique, l’Arcom a convoqué Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, et Sibyle Veil, présidente de Radio France, pour examiner comment le « service public » s’acquittait de ses obligations d’impartialité.
Cependant, Mme Ernotte a jugé utile de remettre une pièce dans la machine en attaquant les médias de Vincent Bolloré (dont « L’Incorrect » n’est pas, soit dit en passant).
Selon elle, « la galaxie médiatique de Vincent Bolloré veut la peau de l’audiovisuel public ». Je note que Delphine Ernotte avait soutenu publiquement la décision de l’Arcom de supprimer C8. Donc, alors que rien ne prouve que Vincent Bolloré (dont le groupe est d’ailleurs bien modeste si on le compare à l’ensemble du paysage audiovisuel, massivement à gauche) veuille la fin de France Télévisions, il est certain que Delphine Ernotte se féliciterait volontiers de la mort du groupe de Vincent Bolloré.
Mme Ernotte se montre ainsi une illustration caricaturale de la gauche : elle est si sûre de sa supériorité morale qu’elle ne comprend même pas qu’il existe à côté d’elle des gens pensant différemment.
J’avoue qu’il y a bien longtemps que je suis persuadé qu’il faudrait supprimer le service public (et laisser toutes les tendances politiques et culturelles lancer librement leurs propres médias sans subvention publique, ni censure) mais Delphine Ernotte a réussi le tour de force d’en convaincre désormais une bonne partie de la classe politique – qui juge, à juste titre, sa « défense » indéfendable. Nous pouvons remercier « L’Incorrect » d’avoir lancé la polémique et Delphine Ernotte de l’avoir si bien nourrie !
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