Isoler le RN ne servira qu’à le faire progresser !

Isoler le RN ne servira qu’à le faire progresser !

Cette semaine, la stratégie discriminatoire à l’égard des élus et des représentants du Rassemblement national (RN) – développée d’abord il y a quarante ans par le parti de Jacques Chirac, puis instrumentalisé par celui de François Mitterrand – a franchi un nouveau palier, sous le nom de « cordon sanitaire », en privant ce parti de toute présence au sein du bureau de l’Assemblée.
Nonobstant un règlement indiquant une composition représentative de l’ensemble des groupes. Sans tenir compte du fait que le RN, avec ses alliés et apparentés, regroupe 142 députés, et qu’il constitue le premier des onze groupes constitués au sein de cette XVIIe législature.
Les dirigeants du RN affichent évidemment leur colère.
Les autres groupes, coalisés, se réjouissent de l’efficacité de ce mur de protection (à la notable exception de la présidente renouvelée de l’Assemblée, Yaël Braun-Pivet …).
Et quelques observateurs extérieurs critiquent ce nouveau « coup politique », se référant à de bons usages démocratiques, qui ne sont plus observés par une forte proportion de nos parlementaires.
Une autre question, plus importante encore, que devraient se poser les acteurs de ce nouveau « cordon sanitaire », est de savoir, au-delà de cette législature, qui risque d’être de courte durée, si une telle stratégie est susceptible d’être efficace, auprès des électeurs, à l’occasion des prochaines échéances électorales.
Selon moi, en première analyse, la réponse est NON.
Depuis quarante ans, le Front National, puis le RN, n’a cessé de progresser, à la notable exception de 2007, quand Nicolas Sarkozy l’emporte sur Ségolène Royal, Jean-Marie Le Pen ne faisant que 10,4 % au premier tour.
Les mêmes causes produisant les mêmes effets, en science politique comme en science physique, il progressera donc encore la prochaine fois.
Sauf à prendre en considération les questions que pose ce parti (« de bonnes questions », selon Laurent Fabius en 1984), et d’y apporter des réponses convaincantes, aux yeux des électeurs votant pour le RN.
En prend-on le chemin ? Si la réponse est NON, la prévision se trouve confortée.
D’autant que cette stratégie du « cordon sanitaire » sera ressentie comme une insulte par les quelque onze millions d’électeurs ayant voté le 30 juin 2024, soit pour le RN (9 379 092), soit pour ses alliés.
Le RN va donc, sans doute, consolider son socle, et, devant les résultats probables de cette assemblée ingouvernable – bravo Macron ! – convaincre de nouveaux votants.
On peut penser qu’un homme aussi averti que Jean-Luc Mélenchon ne l’ignore pas.
Il rêve, au deuxième tour des élections présidentielles de 2027 (en principe …) de se retrouver en face de Marine Le Pen.
Il espère même alors l’emporter dans cette configuration.
Et, si ce n’est pas le cas, le révolutionnaire qu’il est saura organiser un troisième tour, dans la rue, mobilisant alors, comme en 2002, comme entre le 30 juin et le 7 juillet 2024, tous les « idiots utiles » qui, aujourd’hui, font son jeu.
Les mêmes, sociologiquement, qui faisaient le jeu du PCF dans les années cinquante et soixante du siècle dernier.
Depuis longtemps, le RN a su capter le vote des classes les plus populaires.
Gérald Darmanin vient d’évoquer, à juste titre, une inquiétante « séparation entre le peuple et l’élite ».
Attention : souvent les révolutions contemporaines, au départ, avaient le soutien d’une certaine élite (France 1789, Russie 1917, Cuba 1959 …).
On sait ce qu’il est advenu de ces révolutions.

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