Israël face à l’Iran

Israël face à l’Iran

Les atermoiements américains donnent une touche supplémentaire à l’ambiance angoissante qui entoure la situation au Proche-Orient. Les États-Unis vont-ils entrer en guerre ? Ceux qui craignaient déjà, selon l’expression galvaudée à chaque pulsion guerrière quelque part, l’« embrasement de la région », sont confortés dans leur paranoïa. Pourtant, c’est, à mon avis, le type même du conflit qui comporte le moins de risques de cette nature.
David est menacé d’anéantissement par Goliath qui, aux mains de théocrates sanguinaires, ne cache pas cette obsession. Et si David a osé prendre les devants et attaquer Goliath, c’est parce qu’ils n’ont pas de frontière commune. Si la géographie avait été différente, imagine-t-on un petit pays, aussi développé soit-il, prendre ce risque contre un voisin 80 fois plus grand et, surtout, dix fois plus peuplé ?
La conclusion de combats terrestres dans ces conditions aurait été sans doute désastreuse pour Israël.
L’excellence israélienne donne toute sa mesure dans cet assaut, d’une précision et d’une efficacité remarquables, mené à 1 600 km de ses bases. L’organisation, la qualité des renseignements de terrain conjuguée aux frappes diverses en temps réel, en font dès à présent un cas d’école pour toutes les armées.
Mais le but ultime est de détruire les installations permettant de construire la bombe nucléaire dont les ayatollahs ont besoin pour assouvir leur désir de rayer l’État juif de la carte, et dont l’aboutissement est proche. Et si, à l’occasion du désordre et de l’affaiblissement de l’autorité causés, cela peut contribuer à éliminer un des pires régimes de la planète, ce sera un bonus dont personne ne se plaindra. En tout cas pas la majorité des Iraniens, ni même les États arabes de la région, chiites ou sunnites. Alors pourquoi les Américains s’impliqueraient-ils ?
Outre le soutien en logistique et, probablement, en renseignement, accordé de longue date, leur armée est la seule à posséder la bombe permettant de détruire des installations à grandes profondeurs – bombe d’un poids tel qu’aucun appareil israélien ne peut la transporter. C’est la seule raison qui interdit à Tsahal de finir le job seule. Si M. Trump dit : « Ok, on y va », il y a une chance pour que le programme nucléaire iranien soit annihilé, sinon il ne peut être espéré qu’un arrêt temporaire par la destruction des installations en surface ou à faible profondeur – avec la perspective d’être contraint de recommencer à court terme.
La Russie ne bougera pas, se contentera de déclarations faisant illusion pour soutenir un allié, utile dans son conflit avec l’Ukraine, mais guère présentable. La Chine n’est intéressée que par la circulation maritime dans le détroit d’Ormuz, cruciale pour son approvisionnement en pétrole. Tant qu’elle n’est pas menacée, ils ne bougeront pas.
Mon souhait ? Que M. Trump y aille. Affaire sans doute gênante pour lui au plan intérieur, mais qu’il peut présenter comme une intervention ponctuelle, sans troupes au sol qui ne sont pas nécessaires. Bien sûr, M. Macron le déplorera, craignant en outre que la chute du régime en place ne débouche sur un chaos, comme il le dit. Comme si une tyrannie de près d’un demi-siècle pouvait disparaître en lui demandant gentiment de bien vouloir y consentir. Mais qui se soucie encore de ce que dit M. Macron ?
Je prends le pari. Les États-Unis n’entreront pas en guerre ouverte, et la région ne s’embrasera pas. Et si le régime tombe, après une période turbulente inévitable en de telles circonstances, la majorité de la population iranienne pourra enfin respirer ; Israël et nous aussi.

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