La décomposition de la démocratie

La décomposition de la démocratie

La démocratie semble n’être plus qu’un mot creux dans la bouche de nos politiciens : elle n’a en tout cas nullement le sens de « pouvoir du peuple » que lui attribue l’étymologie grecque.
Dans sa version classique, celle de l’Athènes du Ve siècle avant Jésus-Christ, elle entraînait déjà le risque de dérives démagogiques, comme le faisait remarquer Aristote (qui notait que chacun des trois régimes idéaux, la monarchie, l’aristocratie et la démocratie présentait ses risques propres).
Mais Jean Madiran avait noté que la démocratie avait changé de sens avec l’avènement de la modernité politique (c’est-à-dire, pour nous Français, à l’occasion du déclenchement de la Révolution de 1789).
Dans « Les deux démocraties », Madiran faisait remarquer que la démocratie moderne n’était plus un simple système de désignation des dirigeants – ni plus ni moins mauvais qu’un autre, ou plutôt plus ou moins adapté à tel pays en fonction des circonstances.
La démocratie moderne est une véritable religion de la volonté générale (selon l’expression que l’on trouve dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789).
Selon ce nouveau dogme, le parlement peut littéralement tout faire, y compris changer le vrai en faux ou le mal en bien.
L’exemple-type de cette prétention du parlement à imposer la vérité réside dans les lois mémorielles.
L’exemple-type de la prétention du parlement à dominer les catégories de bien et de mal est donné par la législation sur l’avortement qui, en cinquante ans, est passé de crime, à crime dépénalisé, puis acte médical remboursé par la Sécurité sociale, pour devenir finalement un droit constitutionnel. Quoi que l’on pense de l’avortement, il est difficile de croire que le parlement soit ainsi capable de changer le mal en bien.
Le parlement britannique prétendait naguère être capable de tout faire, « sauf changer un homme en femme », selon la formule du juriste suisse Jean-Louis de Lolme. Désormais, le parlement français affiche fièrement avoir dépassé cette incapacité.
Pourtant, nous n’en sommes pas restés à cette démocratie totalitaire. L’excellent historien Michel De Jaeghere a récemment suggéré que nous vivions désormais sous un troisième type de démocratie : beaucoup réclament désormais que la société reconnaisse la validité de tous nos désirs et pulsions. Nous entrons ainsi dans un individualisme radical. Si j’ai décidé d’être une femme, autrui est tenu d’agir comme si j’en étais une.
Inutile de dire que cette démocratie-là est invivable : elle n’est plus que le conflit permanent de monades entre elles. Il n’existe qu’une façon d’y remédier : remettre la démocratie à sa place légitime (la désignation des dirigeants par le peuple) en lui refusant la capacité à changer la nature de l’homme ou de la société. Loi naturelle et démocratie directe me sembleraient une démocratie bien plus solide que le totalitarisme macronien !

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