La Macronie, Notre-Dame et la loi de 1905
Les médias n’y ont guère prêté à attention mais, à l’occasion de la réouverture de Notre-Dame de Paris, qui doit avoir lieu les 7 et 8 décembre prochains (après l’incendie du 15 avril 2019), nous avons assisté à deux tentatives de remise en cause de la loi de 1905.
La première vient du ministre de la Culture, Rachida Dati, qui, contre l’avis de l’archevêque de Paris, seul qualifié au titre de la loi de 1905 pour dire ce qu’il veut dans sa cathédrale (que ce soit en termes de concert, de mobilier liturgique ou de gratuité de l’entrée), veut rendre payante l’entrée dans la cathédrale. Officiellement pour financer la rénovation des églises de campagne menaçant ruine. Mais ce n’est guère crédible, car cette décision ne rapporterait que 75 millions par an.
Or, on estime que 2 000 à 5 000 églises sont dans un état préoccupant. Qui peut croire qu’une somme aussi dérisoire soit à la hauteur de l’enjeu ?
Par ailleurs, on estime que les dons pour la rénovation de Notre-Dame ont rapporté 150 millions d’euros de plus que ce qui a été utilisé. Qu’est devenue cette somme, qui pourrrait être utilisée pour la restauration de notre patrimoine religieux ?
Bref, la motivation de cette idée ne paraît pas très solide. En revanche, il semble assez clair que l’État veuille faire porter à l’Église le poids financier de ce patrimoine qu’il a pourtant spolié. Et même spolié deux fois, puisque l’Église a été volée une première fois en 1790 et une seconde en 1905.
La proposition de Mme Dati s’apparente fort à une troisième spoliation – utiliser Notre-Dame contre l’avis de « l’affectataire » (le diocèse) pour financer la restauration d’églises que les pouvoirs publics sont censés entretenir.
La deuxième tentative de remise en cause de la loi de 1905 est venue d’Emmanuel Macron lui-même qui prétendait parler dans la cathédrale – là encore contre l’avis de l’archevêque.
Finalement, le président a reculé et c’est une bonne nouvelle. Reste qu’il était prêt à ignorer la loi qu’il est censé garantir.
Je sais fort bien que la loi de 1905 n’a pas été une loi pacificatrice et me garderais bien de la défendre si sa remise en cause – dans le contexte contemporain – ne s’annonçait bien pire que son maintien.
Car ceux qui veulent remettre en cause la loi de 1905 aujourd’hui le font pour deux raisons principales.
La première consiste à considérer nos églises comme des musées ou des salles de concert, alors qu’elles sont faites pour le culte catholique.
Beaucoup de communes considèrent que, finançant la restauration des églises, elles devraient pouvoir les utiliser à leur guise. Mais qui ne voit que cette « muséification » contribuerait à aggraver encore la crise identitaire que traverse la France ? Si tout ce qui fait notre patrimoine devient « pierres mortes », c’est que nous ne sommes plus vraiment des fils de France – vivant en Français en France.
La seconde est plus grave encore : elle consiste à considérer que l’État et les communes devraient pouvoir financer le développement de l’islam, notamment en construisant des mosquées sur fonds publics.
Mais le raisonnement à la base de cette idée est un pur sophisme. Il suppose que le catholicisme jouirait d’un avantage indu, et l’islam d’un handicap. Mais c’est ignorer que la France doit considérablement plus au catholicisme qu’à l’islam et qu’elle a littéralement été faite par ses rois d’une part et par l’Église de l’autre.
Dans ce contexte, remettre en cause la loi de 1905 serait extrêmement périlleux et il ne fait guère de doute qu’un gouvernement macroniste en profiterait pour arracher encore davantage les Français à leurs racines. La vigilance s’impose !
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