La responsabilité de Boualem Sansal

La responsabilité de Boualem Sansal

Quitte à rester seul, je ne partage pas l’euphorie larmoyante qui a accompagné le départ d’Algérie de Boualem Sansal, puis son retour en Europe…

Résumons les faits : Boualem Sansal est né en Algérie en 1949 (certains disent en 1944, soit 5 ans plus tôt, en ignorant que, du temps de la France, elle tenait un état-civil scrupuleux, même dans les bleds les plus perdus de sa province africaine).

Il a été à l’école républicaine et a très vite compris que le français était une langue qui lui permettait d’aller partout dans le monde et d’y exprimer parfaitement ses pensées les plus subtiles… Cela lui a permis d’écrire de nombreux ouvrages très appréciés et de critiquer sévèrement l’évolution de son pays d’origine devenu indépendant depuis maintenant 63 ans !

Pris d’une curieuse nostalgie, semble-t-il, il a souhaité y retourner en 2024, alors qu’il n’ignorait ni la vive désapprobation que ses écrits suscitaient à Alger ni les méthodes plus directes de la justice algérienne comparées aux palinodies de la française… Malgré l’unanimité des pressions pour qu’il renonce à son projet provocateur, il s’est rendu à Alger en 2024 et, comme prévu, y a été immédiatement incarcéré, malgré la protection tout à fait illusoire de sa nationalité française (qui ne lui avait pas fait renoncer à sa nationalité algérienne puisqu’il appartient aux très nombreux binationaux qui constituent une curieuse et inquiétante population dans l’hypothèse, certes improbable mais possible, d’un conflit entre les nations).

Algérien régulièrement traité et jugé selon les lois algériennes, ce qui est tout à fait normal dans un pays souverain, il n’a été condamné qu’à 5 ans de prison, ce qui prouve qu’il a bénéficié de l’indulgence de ses juges mais ce qui a suffi à soulever l’indignation des médias français qui ont l’habitude que l’on porte au pinacle ceux qui critiquent férocement leur pays, tout en bénéficiant de ses avantages.

Oubliant qu’il avait été volontairement se jeter dans la gueule du loup malgré les pressions innombrables qui avaient tenté de le faire renoncer à son projet et soucieuses de plaire à une opinion publique qui aurait dû normalement avoir d’autres sujets de préoccupation, les plus hautes autorités de l’État, ravalant tout reste de dignité, ont demandé au gouvernement algérien de faire preuve d’indulgence au lieu de s’interroger sur les motivations de l’intéressé : s’agit-il de la bravade inconsciente d’un vieillard prématurément gâteux ou d’un formidable coup de pub pour acquérir un statut de martyr international ?

Espérant améliorer une popularité au plus bas dans les sondages, l’hébété de l’Élysée est interveanu à plusieurs reprises pour demander une mesure de grâce au Président algérien qui, à juste titre, se soucie de lui comme de sa première paire de chaussettes et, pour le lui confirmer, n’a réagi qu’à la demande des autorités allemandes démontrant, si besoin était, de quel crédit la France d’Emmanuel Macron bénéficie à l’étranger.

Du reste, au cas où l’on n’aurait pas compris, c’est en Allemagne qu’il a été renvoyé (et gardé quelques jours pour confirmer notre insignifiance !).

Si nous avions un gouvernement et un chef de l’État dignes de ce nom, ils profiteraient de l’occasion pour établir une liste de pays où il est formellement déconseillé aux touristes français de se rendre (par exemple Algérie, Mali, Iran, Afghanistan, Corée du Nord, etc.), en précisant que ceux qui ne suivraient pas le conseil ne pourraient en aucun cas bénéficier de nos protections diplomatiques car il n’y a aucune raison de risquer les quelques bribes de prestige qui restent à la France pour protéger des insensés qui défient les recommandations de nos autorités diplomatiques…

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