La terrible menace catholique

La terrible menace catholique

Une certaine Amélie Rosique, chroniqueuse sur BFM TV, a suscité une vague d’hilarité sur les réseaux sociaux.

Elle a en effet répondu à Yves Thréard, éditorialiste au « Figaro » qui venait de faire une chronique sur une étude de l’Ifop montrant la radicalisation des jeunes musulmans de France, qu’elle était surtout inquiète de la montée de l’intégrisme catholique dans les prisons françaises.

Naturellement, passé le moment de franche rigolade, je me suis demandé à quoi elle pouvait bien faire allusion, puisqu’elle évoquait un rapport documentant cette montée de « l’intégrisme catholique » dans les prisons françaises – et j’ai cherché à en savoir plus.

Voici donc d’où vient cette étrange idée. L’historien Nicolas Lebourg a rédigé, à la demande de la Mission de lutte contre la radicalisation violente de l’administration pénitentiaire, un rapport analysant les profils de 104 individus liés à l’extrême droite et arrêtés depuis 2017.

Précisons que ce Lebourg a milité à Ras l’front, officine d’extrême gauche plutôt violente. C’est bien sûr son droit mais c’est le nôtre de ne pas croire que ce parcours soit un gage de parfaite impartialité !

À ma connaissance, ce rapport n’est pas publié, mais « Libération » (à nouveau une source d’une neutralité à toute épreuve !) y a eu accès.

D’après ce que l’on comprend, le rapport montrerait que l’extrême droite serait le deuxième danger suivi par les autorités après l’islamisme.

C’est tout à fait possible. Il est possible aussi que ce danger augmente (il paraît que 54 individus « d’ultradroite » sont actuellement détenus dans les prisons françaises contre un seul en 2017). Ce qui est certain, c’est que l’ultradroite a moins tué que l’islamisme au cours des dernières années. Nous sommes donc loin d’une « preuve » que « l’ultradroite » est devenue un danger prioritaire.

Mais le plus curieux dans cette affaire, c’est que Mme Rosique glisse allègrement de l’ultradroite à l’intégrisme catholique. Je savais que la plupart des journalistes ignoraient tout des questions religieuses mais, à ce point, c’est impressionnant.

D’autant que notre chroniqueuse commence son morceau de bravoure contre l’intégrisme catholique – qui semble une obsession chez elle – en évoquant Donald Trump. En général, les « intégristes catholiques » sont assez éloignés de la théologie presbytérienne du président américain. Il y aurait mille nuances à apporter ici, mais faire de Trump un parangon d’intégrisme catholique est à peu près aussi sérieux que d’affirmer que Ben Laden était un rabbin hassidique.

Surtout, il n’y a pas besoin d’être surinformé sur la pensée catholique et même sur la pensée politique en général pour savoir que l’ultradroite violente est bien plus souvent païenne que catholique (fût-ce « intégriste »).

Accessoirement, rappelons qu’un terroriste catholique agirait en contradiction avec l’Évangile, tandis qu’un terroriste musulman obéit aux injonctions du Coran – subtile nuance !

Bien sûr toutes les idéologies peuvent être utilisées pour justifier un acte violent, mais le débat public gagnerait à éviter ce genre d’amalgames grossiers qui, pour contrebalancer la critique du terrorisme islamiste, se sent obligé d’imaginer un terrorisme catholique aussi évanescent que beurre en broche !

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