L’attelage Macron-Mélenchon et la fin de la Ve République
Le 24 août, nous avons battu un singulier « record » : le gouvernement de Gabriel Attal est démissionnaire depuis plus de 38 jours, c’est-à-dire qu’il a battu le précédent record de l’après-guerre, détenu par le gouvernement de René Mayer, sous la IVe République, qui avait démissionné le 21 mai 1953 (son successeur, Joseph Laniel, n’étant investi que le 28 juin).
Au passage, et puisque nous en sommes aux évocations historiques, notons que le gouvernement de René Mayer avait « tenu » quatre mois, soit deux mois de moins que celui de Gabriel Attal – qui a toutefois pratiquement égalé le record de brièveté à Matignon sous la Ve République, détenu par Bernard Cazeneuve, celui-là même auquel songerait Jupiter !
Jusqu’aujourd’hui, le principal atout de la Ve République avait été d’en finir avec l’instabilité gouvernementale de la IIIe et de la IVe.
Autrement dit, Emmanuel Macron, avec sa façon un peu immature de déclencher une grave crise parlementaire au soir de sa défaite aux élections européennes, pourrait bien avoir ouvert une crise plus grave : une crise institutionnelle.
Je ne suis pas assez dévot du système républicain, ni du fondateur de la Ve République, pour en être désespéré, mais il convient de bien comprendre que ce qui vient a toutes les chances d’être pire que ce que nous quittons.
Et nous pourrons – une nouvelle fois – remercier le funeste attelage Macron-Mélenchon d’avoir cassé un système (certes un peu bringuebalant) pour nous plonger dans la politique du pire.
Je parle ici de l’attelage Macron-Mélenchon car, malgré l’opposition de vaudeville qu’ils nous présentent, les deux hommes sont unis dans un commun nihilisme et un commun narcissisme à qui ils sacrifient sans regret la France et les Français.
Au plan parlementaire, c’est bien cet attelage qui a empêché la victoire annoncée du RN.
Celui-ci avait certes bien des défauts, mais il faut une mauvaise foi extraordinaire pour imaginer qu’il soit plus dangereux pour la France en général et la paix civile en particulier que LFI.
Au plan institutionnel, les deux démagogues s’entendent aussi.
Jean-Luc Mélenchon se bat depuis des années pour une VIe République, ressemblant fort à la IVe.
Quant à Emmanuel Macron, ayant constaté que la constitution ne lui donnait pas – contrairement à ce qu’on lit souvent – un pouvoir sans limite, il ne voit guère de raison de défendre les institutions de 1958 – qui, il est vrai, avaient largement disparu sous la cohabitation mitterrandienne, le quinquennat chiraquien et la réforme constitutionnelle sarkozyste.
Le principal intérêt de la constitution de 1958 résidait dans la fameuse « rationalisation » du parlementarisme. Dans la pratique, cela revenait à brider le pouvoir des parlementaires – De Gaulle étant persuadé, non sans de très bonnes raisons, que le « régime des partis » dont vivent les parlementaires ne servait que rarement l’intérêt national.
Emmanuel Macron, en bon idéologue de la technocratie, a sûrement été séduit par cette domestication de la « représentation nationale ». Cependant, étant manifestement indifférent à l’intérêt national, on comprend aisément qu’il s’intéresse davantage aux rapports de force à Bruxelles ou à Washington qu’à Paris.
Toujours est-il que, désormais, Marianne V ne pourra plus prétendre qu’elle garantit, par ses seules institutions, la stabilité et une politique gouvernementale claire et appuyée par une majorité parlementaire. Elle a ainsi perdu sa principale justification.
Mais j’avoue que je ne suis pas pressé de découvrir la Marianne VI, soumise à la démagogie de l’extrême gauche, dont rêve Jean-Luc Mélenchon et que nous amène lentement Emmanuel Macron.
Comments (1)
Et un ” ATTELAGE ” , une … TROÏKA ( sic ) , Macron Wauquier Retailleau cela vous semble … comment dire … EMBALLANT ? … comme semblerait le penser Thibault de Montbrial dans ” Le Figaro ” de ce soir … NOUS NE VOULONS PLUS DE CES POLITIQUES LÀ, à Gauche comme à Droite … C’ EST CLAIR ! NON ?