Le magistère de la gauche religieuse

Le magistère de la gauche religieuse

L’historien Jean-François Chemain s’est fait connaître à la fois pour son érudition et sa capacité à renverser les idoles du politiquement correct.
Dans ce court essai, il propose une vision originale de la gauche comme une « cléricature ».
D’abord parce que nombre des idéologues qui ont préparé et commencé la Révolution de 1789 étaient des clercs (cet ordre qui, dans les sociétés indo-européennes, se préoccupe des réalités intellectuelles et spirituelles et qui, pour cela, siège au sommet desdites sociétés).
Mais aussi parce que, depuis 1789, la gauche n’a cessé d’imposer son « magistère » et d’« excommunier » ceux qui n’adhéraient pas au « camp du bien » – autant de termes religieux.
C’est une raison sérieuse pour douter de l’abolition du clivage droite-gauche dont on nous annonce régulièrement la fin prochaine. Mais ce sont toujours des personnalités de droite qui doutent de la pertinence de ce clivage, non des personnalités de gauche, parfaitement convaincues de leur immense supériorité morale et intellectuelle. C’est ainsi que Geoffroy de Lagasnerie, philosophe de plateau télé, a osé déclarer : « Les grands intellectuels ont toujours été de gauche. »
Chemain aborde les quelques sources idéologiques de la pensée de gauche – tirées le plus souvent d’hérésies chrétiennes mal digérées.
De la négation du péché originel au millénarisme, en passant par le pharisaïsme ou le manichéisme : avec la gauche, celui qui connaît l’histoire mouvementée des innombrables sectes plus ou moins matinées de christianisme se tient en terrain connu.
C’est d’autant plus curieux que la gauche tient beaucoup à manifester son mépris pour l’Église catholique, supposée force réactionnaire (quand bien même elle serait à l’origine de nos universités comme de nos hôpitaux).
Il n’y aurait guère d’intérêt à étudier cette étrange cléricature contemporaine si la gauche ne dominait idéologiquement notre Occident anciennement chrétien.
Mais cette hégémonie est bien réelle et pesante puisqu’elle détourne l’État de son action régalienne normale pour en faire un inquisiteur ou un directeur spirituel capable de « sonder les reins et les cœurs » (songeons aux innombrables lois censurant jusqu’à nos arrière-pensées).
Pire : la gauche, non contente de réduire l’État à l’impuissance dans les domaines régaliens et d’en faire un instrument de persécution idéologique, prétend changer la réalité pour l’adapter à son délire du moment.
Ne croyons pas que cet utopisme fanatique soit réservé au passé. L’auteur donne ainsi cette citation fascinante d’un certain Frédéric Gros, professeur à Sciences Po : « La politique se comprend trop souvent comme l’art de s’adapter aux réalités, alors que c’est la réalité qu’il faut adapter à nos idéaux, à nos valeurs, à notre idée du beau et du juste. »
On tremble à l’idée des ravages qu’une telle doctrine pourrait donner si elle était appliquée par le pouvoir politique.
Alors, comme le dit Chemain, la bonne réponse aux gauchistes serait qu’on « nous foute une bonne fois la paix » ! Que ces illuminés gardent leurs idées fumeuses, si ça leur chante, mais qu’ils cessent de prétendre nous les entrer dans le crâne à force de coercition étatique !

Notre amie la gauche

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