Le monde libre a cessé de l’être !

Le monde libre a cessé de l’être !

Les pérégrinations estivales m’ont permis de réécouter une chanson de Jean-Pax Méfret, ce chanteur dissident que m’avaient fait découvrir dans les années 1980 quelques amis fort peu gauchistes et qui chantait pêle-mêle pour l’Algérie française, pour notre armée ou contre le communisme.

Dans ce dernier volet, je suis donc retombé sur une chanson sur le goulag qui, par contraste avec l’enfer concentrationnaire, présentait ainsi l’Occident comme « ce paradis […] où, lorsque tu travailles, l’argent est pour toi ; tu peux même t’acheter des chemises de soie. Il paraît qu’il y a des tas de cinémas où tu peux regarder des films de ton choix. À l’Ouest, les juges osent rendre la loi, les policiers font respecter les droits. »

Il n’est évidemment pas question de dire que notre situation a quoi que ce soit à voir avec celle des malheureux qui périrent au goulag. Mais ces paroles, quand on les écoute avec quelques décennies de recul, résonnent étrangement.

Qui ne voit, en effet, que cette description du monde libre semble aujourd’hui cruellement ironique ?

La réalité, c’est que, dans la France contemporaine, quand nous travaillons, l’argent n’est plus pour nous mais très largement par un État tentaculaire qui le redistribue « généreusement » à d’autres, sans nous demander notre avis – quitte à ce que les « autres » en question nous détestent, voire égorgent nos voisins.

Quant à l’usage politique de la justice et de la police, nous sommes certes – Dieu merci ! – encore loin de la tchéka, mais il est clair que nous souffrons d’un « deux poids, deux mesures » qui détruit toute idée de justice et, par conséquent, toute idée de cohésion nationale.

Un dealer peut s’en sortir avec un rappel à la loi quand tant de journalistes ou d’hommes politiques sont lentement réduits au silence par des amendes exorbitantes, voire des peines de prison, pour avoir simplement eu le courage de dire la vérité.

Il reste le cas du cinéma où il est vrai que nous est toujours proposé un choix abondant de films. Mais le grand Soljenitsyne avait répondu par avance dans son fameux discours de Harvard, comparant la censure de l’Est totalitaire avec ce que l’on n’appelait pas encore le politiquement correct à l’Ouest où « il existe peut-être une liberté sans limite pour la presse mais certainement pas pour le lecteur » – puisque la presse s’interdit de critiquer l’opinion dominante.

Il en va de même pour le cinéma : pour être encensé par la critique, un film devra sacrifier à l’étrange culte contemporain des minorités (sexuelles ou raciales principalement) et donc servir à sa façon la propagande politiquement correcte.

Bien sûr, contrairement aux dissidents soviétiques (ou chinois aujourd’hui), nous ne risquons pas notre vie en refusant l’idéologie dominante.

Au demeurant, dès les débuts du communisme, il était faux que l’Ouest et l’Est soient univoquement ennemis : la révolution bolchevique a été financée par des grands financiers capitalistes et les « élites » des deux camps rêvaient d’une fusion entre capitalisme et communisme – ce que Gorbatchev a sans doute mieux aidé à réaliser que Staline.

En tout cas, nous constatons avec le capitalisme à la chinoise ou le socialisme à la macronienne, qu’il est tout à fait possible de mêler profit pour les grands financiers, spoliation pour la population et privation de libertés.

Or, ce que nous défendions naguère contre l’Union soviétique n’était pas seulement la liberté pour quelques-uns de gagner beaucoup d’argent, mais surtout la vérité sur la nature humaine et les libertés pour tous.

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