Les Républicains ‘en phase terminale

Les Républicains ‘en phase terminale

Naguère mourants, Les Républicains sont désormais moribonds, la maladie ayant fini par devenir une agonie.

Il aura suffi de la cacophonie du 5 octobre dernier pour comprendre que le déclin était acquis. Les Républicains s’insultent publiquement, entre ceux qui estiment que l’on peut rester au Gouvernement (les députés) et ceux qui estiment qu’il faut en partir (les sénateurs).

Il y a encore peu, Wauquiez appelait à ne pas rejoindre le Gouvernement en conspuant Retailleau. Aujourd’hui, il défend la position inverse non pour des raisons profondes, mais pour des motifs situationnels : faire la nique à Retailleau et endosser les positions des députés du groupe qu’il préside.

Ces derniers savent qu’ils seront battus en cas de dissolution de l’Assemblée nationale. Il permet ainsi au balbutiant Gouvernement « Lecornu II » d’échapper de peu à la motion de censure, sans égard au sacrifice de la réforme des retraites que l’on dit « suspendue ».

La droite agonisante s’offre des manœuvres d’arrière-cour qui ne peuvent plus être le semblant d’une quelconque conviction ou d’une vague éthique de responsabilité, tant cela est criant.

Le 11 octobre dernier, Wauquiez endossait la position des LR, qui assuraient ne pas participer au Gouvernement, tout en rejoignant ses députés le soir même qui ne se résignaient pas au jet d’éponge de Retailleau… Puis, le 12 octobre, 6 ministres LR intégraient le nouveau Gouvernement, même si Retailleau avait promis l’exclusion du parti de ses membres qui deviendraient membres du Gouvernement. Mais finalement, il doit se résoudre à différer sa décision malgré le fait d’avoir obtenu par un vote électronique de ses militants 75 % de non à une quelconque participation.

Dans cette crise profonde, Larcher a trouvé une solution médiane digne des motions de synthèse radicales-socialistes qui en dit long sur l’inefficacité des sanctions : différer de deux mois l’exclusion des ministres pour s’assurer que le budget est conforme aux « valeurs » des Républicains. C’est risible car personne n’est dupe.

Le plus piquant est que Les Républicains ne bénéficient d’aucun phénomène de vases communicants. En effet, la majorité présidentielle a disparu à la suite des élections législatives de 2024 et le bloc central se fissure avec les anciens soutiens de Macron – y compris au sein du parti dont il est président d’honneur (!) – qui lâchent ouvertement le chef de l’État. Mais LR n’empoche rien.

Leur calcul était pourtant simple : (re)devenir une alternative au macronisme finissant et épuisé. La difficulté est qu’ils s’écroulent en même temps que Renaissance, comme dans une tempête qui emporte tout sur son passage, ne distinguant pas les compagnons de la première heure des ralliés de fraîche date. Les Républicains payent un long attentisme qui dure depuis 2017 et aussi la croyance magique au retour providentiel, peut-être alimentée par le fait d’être majoritaires au Sénat. Mais la « fenêtre » de l’entrée au Gouvernement de septembre 2024 a été le fruit de la disparition du fait majoritaire due à une dissolution aux effets chaotiques. Comme les socialistes, Les Républicains ne pèsent plus grand-chose dans l’opinion, mais ils pèsent un peu grâce à un appareil électif et partisan. Issu d’un parti lui-même né de plusieurs formations apparues sous la Ve République, LR s’offre juste les manœuvres des partis charnières de la IVe République qui pouvaient encore faire la pluie et le beau temps. Mais, à la différence des faiseurs de coalitions de la IVe, le demi-abandon par LR du Gouvernement de « socle commun » n’a pas tourné à l’avantage du parti. Bien au contraire : il a encore plus fragilisé les institutions tout en se fragilisant lui-même après avoir généré une crise ministérielle qui écarte définitivement Bruno Retailleau et ses proches des portes du pouvoir.

Dans cette chute finale, il n’y a plus que deux options : rejoindre ce qui reste de la Macronie finissante ou s’agréger bon gré mal gré à une coalition dont le RN sera le centre. Une démarche similaire à celle de Ciotti en juin 2024, mais avec des troupes plus nombreuses. LR pouvait être un partenaire dans les débuts de l’aventure « Macron » mais, à force de tarder, il risque de se transformer en satellite qui n’aura que de petits pourcentages à offrir au RN. Mais, avant 2027, LR végétera sachant qu’il existe plusieurs échéances électorales où il peut perdre des plumes : les municipales, mais surtout les sénatoriales de septembre 2026 où LR pourrait perdre 30 sénateurs, soit le quart du groupe sénatorial.

Jean-François Mayet

Politologue

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