Liberté d’expression en péril

Liberté d’expression en péril

Le 25 août, Pavel Durov, fondateur de Telegram, une messagerie cryptée, a été arrêté à sa descente d’avion à l’aéroport du Bourget.
Âgé de 39 ans, ce milliardaire franco-russe a été soumis plusieurs fois à de fortes pressions du Kremlin – notamment en 2014 quand, alors dirigeant du réseau social VKontakte, il avait refusé de fermer le compte d’Alexis Navalny ou de donner les coordonnées personnelles d’activistes ukrainiens.
S’affichant libertarien (mais il n’est pas certain que le mot ait le même sens en Russie, en Europe ou aux États-Unis …), Pavel Durov a refusé que Telegram vende les données de ses utilisateurs (comme le font Whats­App ou la plupart des réseaux sociaux par exemple) ou que l’application censure le contenu publié.
Le résultat est là : Telegram compte quelque 900 millions d’utilisateurs.
Mais, logiquement, parmi ces 900 millions d’utilisateurs, se sont glissés un certain nombre de personnages peu recommandables – des pédocriminels aux terroristes en passant par les mafieux.
C’est ce qui vaut l’arrestation de l’homme d’affaires.
La justice française l’accuse d’être complice de ces criminels au motif qu’il ne « modère » pas le contenu que ces derniers publient.
Mais, comme le dit sobrement un communiqué en anglais publié par la plateforme juste après l’arrestation de son fondateur : « Il est absurde de prétendre qu’une plateforme ou son propriétaire sont responsables des abus de cette plateforme. »
Ce qui est certain, en tout cas, c’est que les autorités occidentales ont un problème avec la liberté d’expression – que ce soit sur X, sur France Soir ou sur Telegram.
Elles ne cessent de revendiquer cette liberté, à condition qu’elle s’oppose aux autocrates que l’Occident combat.
Mais, si quelqu’un s’oppose à un gouvernement « démocratique », il devrait nécessairement être censuré comme « complotiste », voire livré à la justice comme « criminel ».
Qui ne voit que ce « deux poids, deux mesures » est intenable ? (Le Kremlin a d’ailleurs appelé Paris à « coopérer » à propos de cette arrestation !)
Il n’existe que deux limites raisonnables à la liberté d’expression : elle ne doit pas nuire gratuitement à autrui ; elle ne doit pas propager délibérément un mensonge – mais ce dernier point est hors d’accès de la justice car il est impossible de savoir si l’auteur croit ou non à son erreur et un mensonge se détruit bien mieux par sa réfutation que par sa censure.

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