L’union des droites est-elle possible ?
Alors que se profilent déjà les prochaines élections municipales, dernière occasion de « tester » l’union des droites avant les élections nationales de 2027, force est de constater que nous sommes toujours fort éloignés de cet objectif qui s’impose pourtant arithmétiquement – et qui ne semble pas, politiquement, particulièrement difficile.
Que l’union s’impose arithmétiquement est une évidence. D’ailleurs, même ceux qui s’y opposent plus ou moins activement, veulent absolument une union (l’union des populistes – donc, j’imagine, l’union du RN avec LFI –, l’union des patriotes, ou la plus vague « union des Français de bonne volonté »). Il est certain en tout cas qu’aucune force politique ne peut gagner seule.
Je ne crois guère à l’union des populistes (je ne vois pas bien comment il serait possible à Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen de faire campagne ensemble, fût-ce contre Emmanuel Macron), ni à l’union des patriotes de gauche et de droite (Jean-Pierre Chevènement l’a tentée sans succès en 2002 et la seule coalition victorieuse de ce type a été celle du référendum contre le Traité constitutionnel européen, mais il est évident que le référendum n’avait pas de conséquence électorale et que personne, ni à gauche ni à droite, n’a abandonné son « camp »).
Mais, à vrai dire, ces deux formes d’union auxquelles je ne crois pas nous donnent une indication précieuse : l’union implique souvent un ennemi commun, dont le rejet soit plus fort que les légitimes différences entre alliés.
Pour le RN, je vois deux adversaires susceptibles de remplir ce rôle : Emmanuel Macron ou Jean-Luc Mélenchon. De toute évidence, le premier ne peut guère « servir» pour 2027 puisqu’il ne pourra pas être candidat. Le second, en revanche, permettrait de renverser la charge du « front républicain » (comme, jadis, avant la signature du programme commun de la gauche, l’anti-communisme empêchait la SFIO de s’allier avec le PC). Il permettrait, en particulier, une alliance RN-LR-droite « hors les murs ». Plus important encore, à long terme, cette opposition ancrerait durablement le RN à droite (ce qu’il est, à coup sûr, en matière régalienne, mais beaucoup de ses cadres contestent que le RN soit de droite).
Cependant, un adversaire ne suffit pas pour l’union. Il y faut du positif et la volonté claire des deux alliés.
Pendant longtemps, l’UDF et le RPR ont rejeté le FN au nom du « front républicain ». Désormais, le problème se situe plutôt de l’autre côté : le RN hésite devant les alliances. D’une part, parce qu’il semble ne pas vouloir injurier l’avenir en choisissant l’alliance à droite plutôt que l’alliance avec les populistes ou les souverainistes de gauche. D’autre part, parce que le RN manque de culture de gouvernement et donc de culture de coalition : ces dernières années, chaque fois qu’il a été question d’alliance, le RN s’est comporté comme s’il voulait des ralliés et non des alliés.
L’alliance avec l’UDR d’Éric Ciotti va-t-elle changer la donne ? Je l’espère, mais ce n’est pas sûr.
En tout cas, si les droites sont d’accord sur des éléments essentiels (la limitation de l’immigration, la lutte contre l’insécurité, la défense du pouvoir d’achat), il faut accepter qu’elles divergent sur des éléments secondaires (l’âge de départ à la retraite).
Au vrai, ces divergences peuvent même constituer un atout, permettant de parler à des électorats différents.
Rappelons aussi que les divergences à gauche sont souvent bien plus importantes et n’empêchent nullement les alliances électorales.
Reste à décider de se parler et de partir ensemble aux élections. Les municipales de 2026 seraient une bonne occasion pour cela. Qu’attendons-nous pour essayer ?
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