Macron : la stratégie de la peur fonctionnera-t-elle ?
Il y a quelques semaines à peine, la cote de popularité d’Emmanuel Macron était au plus bas.
Une majorité de Français souhaitait son départ, et discernait que le bilan de la présidence Macron était désastreux. Macron se dirigeait vers la porte de sortie en position honteuse, diminuée, et s’apprêtait à laisser dans l’histoire de France une trace minable et médiocre.
Il eut alors l’idée de trouver un moyen de rebondir. Il lui restait la politique étrangère, et il lui restait surtout un dossier, la guerre en Ukraine. Et il s’est saisi de ce dossier.
Il s’est rendu à Washington et s’est conduit en cuistre. Trump a vu en lui un plaisantin et a ri avec lui. Puis Trump a reçu Volodymyr Zelensky, qui s’est mal conduit et s’est fait mettre à la porte de la Maison Blanche.
Macron y a vu une opportunité. Il s’est arrangé avec Keir Starmer, médiocre Premier ministre socialiste du Royaume-Uni, en difficulté comme lui, pour des raisons proches, et ils ont, l’un et l’autre, organisé une réunion d’urgence des chefs d’État et de gouvernement européens aux fins de parler de la guerre en Ukraine et de la défense européenne.
La réunion a eu lieu à Londres. Zelensky a été accueilli en héros, et les dirigeants européens lui ont apporté leur plein soutien, et Macron a décidé de jouer la mouche du coche face au président des États-Unis.
Trump veut parvenir à une paix juste et durable en Ukraine ? Macron a dit qu’il veut une paix juste et durable lui aussi, mais que seuls les Européens peuvent permettre que la paix soit vraiment juste et durable.
Trump a dit à Zelensky que les investissements américains dans les terres rares en Ukraine permettront de garantir la sécurité en Ukraine, et Zelensky en a douté ? Macron a dit que l’Europe allait donner davantage à Zelensky et lui offrir des troupes chargées de surveiller le cessez-le-feu et l’accord de paix qui suivra. Il sait, comme Trump, que Poutine ne veut pas de troupes européennes en Ukraine et qu’il n’y aura, dès lors, pas de troupes européennes en Ukraine. Il sait aussi que ses propos ne peuvent que freiner l’avancée vers le cessez-le-feu.
Qu’importe pour Macron. Il ne veut pas de cessez-le-feu. Il veut entraver l’action de Trump : il sait qu’en France, un chef d’État qui tient tête à un président républicain des États-Unis connaît toujours un regain de popularité.
Et Macron ne s’arrête pas là. Il sait que la Russie ne représente pas un danger majeur pour la France et pour l’Europe : il n’en dit pas moins le contraire. Cela lui permet de parler de l’urgence de la création d’une défense européenne et Ursula von der Leyen appuie sa position et avance un chiffre : huit cents milliards d’euros.
Les pays européens ne peuvent pas rassembler une telle somme ? Ce n’est pas grave aux yeux de Macron. Cela permet qu’on cesse de lui parler des déficits budgétaires croissants de la France. Cela permet même à Friedrich Merz, qui sera bientôt chancelier, et qui hérite d’une Allemagne en grande difficulté économique, de ne pas parler de la situation de son pays.
L’Europe de la défense en question ne pourra voir le jour que dans une dizaine d’années, et à condition que l’argent censé être investi puisse l’être, ce qui n’est pas du tout sûr ? Qu’importe pour Macron. L’important est de donner des illusions aux Français.
Et, pour parachever son action, Macron agite la peur : cela a marché avec le Covid, cela marchera encore, pense-t-il. La guerre est aux portes de la France et de l’Europe, dit-il. Il va même faire envoyer à tous les Français un fascicule censé leur expliquer ce qu’ils devront faire si la guerre ou une autre catastrophe survient.
Macron espère parvenir ainsi à faire durer le gouvernement Bayrou. Il espère même sans doute faire durer la peur jusqu’à l’élection présidentielle de 2027, et faire élire le candidat qu’il aura choisi et, si la peur de la guerre ne suffit pas, il ajoutera la peur du Rassemblement national (cette peur-là a marché aussi pendant l’été 2024 et lui a permis d’obtenir un parlement bancal).
Il espère aussi s’offrir ainsi un futur politique : la place d’Ursula von der Leyen sans doute. Les Français vont-ils se laisser prendre au jeu de Macron ? C’est possible hélas. Il remonte dans les sondages.
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