Macron : une lettre surréaliste aux Français

Macron : une lettre surréaliste aux Français

Emmanuel Macron nous avait déjà montré que, si ses capacités de gouvernement semblent assez modestes, il a un indiscutable talent de « beau parleur » – je n’ose dire un talent pour la parlote ! (Il est d’ailleurs curieux que l’une des rares choses que sa biographie officielle mentionne sur sa jeunesse concerne sa carrière théâtrale.)
En tout cas, après les législatives qui ont suivi cette dissolution surprise (qui avait tout du caprice d’un gamin cassant son jouet), au lieu de s’atteler à la recherche d’un Premier ministre – exercice qui promet de ne pas être simple ! –, il a bizarrement écrit une lettre aux Français.
Cela doit être sa nouvelle lubie : il nous en avait déjà adressé une après les européennes.
Peut-être essaie-t-il de nous faire entrapercevoir les charmes de la « pensée complexe ».
Toujours est-il que la lettre du 5 juillet vaut le détour.
Nous y lisons qu’il y a dans le pays « un besoin d’expression démocratique ». L’analyse n’est pas originale : tous les observateurs de la vie politique française disent peu ou prou que les Français voudraient être entendus de ceux qui prétendent les représenter. Mais, en l’occurrence, celui qui fait ici cette analyse est assez bien placé pour tirer des conséquences pratiques de cette revendication.
Eh bien, pas du tout ! M. Macron constate un « besoin d’expression démocratique », mais n’en déduit rien sur ce qu’il faudrait faire. Ou, plutôt si, il nous explique juste après que « l’extrême droite » est arrivée largement en tête au premier tour, mais que les Français ont « clairement refusé » qu’elle l’emporte au second.
Mais c’est se moquer du monde. Ce ne sont pas les Français qui ont refusé le RN, ce sont les autres partis qui se sont accordés pour lui barrer la route. On voit quel crédit il faut accorder à cette solennelle déclaration d’écouter (enfin) les Français.
Mais le plus beau est à venir. « Jupiter » nous annonce que « personne ne l’a emporté ».
C’est déjà discutable. On peut tout de même dire que le groupe le plus important (ce qui est, que je sache, une façon de « l’emporter ») est le groupe RN. On peut aussi, en sens inverse, dire que la coalition qui l’a emporté est celle de la gauche unie à l’extrême gauche.
Mais on devine ce que veut dire M. Macron : aucune coalition n’obtient la majorité absolue et, là-dessus, il a bien sûr raison. À ceci près qu’il ajoute aussitôt que « seules les forces républicaines représentent une majorité absolue ». Soit c’est un truisme : tous les députés de la nouvelle Assemblée se réclamant de la république, ce n’est donc pas seulement une majorité absolue, c’est une unanimité ! Soit (et c’est probablement la bonne interprétation) le président prétend décerner des brevets de parfait « républicanisme » – dont il est à peu près sûr qu’il exclut le RN, mais dont on ne sait pas bien qui peut en bénéficier à gauche.
Quelques lignes plus loin, notre sémillant président s’essaie à définir ce qu’est un bon « républicain » : il s’agit d’un élu « se reconnaissant dans les institutions républicaines, l’État de droit, le parlementarisme, une orientation européenne et la défense de l’indépendance française ».
M. Macron ayant bradé une bonne partie de notre indépendance entre-t-il dans ce cadre ? Et qu’est-ce qu’une « orientation européenne » ? Dans la novlangue de la caste jacassante, cela veut dire, en gros, soumission à Bruxelles. Soit, mais, alors, M. Fabius, actuel président du Conseil constitutionnel et meneur de la campagne du non lors du référendum de 2005, est-il « républicain » ?
On voit que M. Macron barbote toujours dans l’incohérence de son idéologie anti-nationale et cela n’augure rien de bon pour les trois ans qui nous restent à le subir à la tête de notre pauvre pays.

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Comments (1)

  • quinctius cincinnatus Répondre

    Oh vous savez, Monsieur de Thieulloy, ce ne sont pas les bonimenteurs de foire qui ont le plus manqués sur le marché publique ( politique ) français et les Français en sont restés friands. Mitterrand, Chirac, Sarkozy, et même Hollande en étaient . Personnellement ce qui m’ intéresse dans la commedia dell’ arte à l’ affiche aujourd’ hui c’ est de connaître qui sera Pantalone … ( le cocu ) ? Les Français me semble être la réponse la moins improbable
    Pour le ” fun ” du casting restent les candidat(e)s proposé(e)s par le N.F.P. comme Premier Ministre et là entre la Présidente de la Réunion dont j’ ai déjà oublié le nom, Naja BelKacem et Taubiana ( dont il faut absolument relire le parcours sur Wikipédia ) il n’ y a pas même un choix à faire … Ne manque plus que Taubira !
    Nous avons eu droit aussi, en guise d’ amuse gueule, à cette déclaration lunaire de Bruno LeMaire : …
    ” Je quitte Bercy avec des Finances Publiques EN ORDRE ”
    À 84 ans passés le CYNISME ( de Diogène ) me semble être la seule arme pour conserver un certain équilibre psychologique

    16 juillet 2024 à 22 h 14 min

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