Naissance de l’État d’Israël
Je suis né en 1934. Cela m’a permis de mémoriser des souvenirs vécus sur le sort des Juifs et la naissance de l’État d’Israël.
J’ai passé ma jeunesse à Aix-les-Bains. Pendant les années de guerre, à l’école primaire, j’ai vu arriver des enfants juifs qui avaient fui la zone occupée. Ils passaient quelque temps avec nous, puis partaient à la campagne ou dans les montagnes. Je n’ai jamais vu d’étoile jaune à Aix et j’ignorais les persécutions que les Juifs subissaient en zone occupée.
Après la fin de la guerre, je me souviens de communiqués radiophoniques relatant les actions de sabotage menées par la Haganah Irgoun – organisation armée juive – contre les Anglais qui occupaient la Palestine.
J’ai surtout eu la chance pendant mon service militaire, de passer à l’école d’application du génie d’Angers entre octobre 1958 et mars 1959. Notre promotion eut le privilège d’assister à des amphis délivrés par le colonel Rondot sur le thème « l’islam et les musulmans d’aujourd’hui » – titre de l’un de ses ouvrages.
Le colonel Rondot était un spécialiste du Moyen-Orient. Il créa les services de renseignements syriens, alors que ce pays était sous mandat français.
Il nous enseigna ce qu’était l’islam. Pas simplement une religion, mais une règle de vie rigoureuse du berceau à la tombe. Une religion intangible et dominatrice.
Pour un musulman, le monde se divise entre :
– terres d’islam où la loi coranique doit s’appliquer,
– terres de conquête appelées à devenir terres d’islam par le djihad.
Pour un musulman, juifs et chrétiens ne sont tolérés que comme dhimmis (soumis), inférieurs aux musulmans et leur payant tribut.
Certains de nos quartiers sont terres d’islam. La France et l’Europe sont terres de conquête.
Le colonel Rondot nous décrivit la naissance de l’État d’Israël de façon imagée :
À la décision de l’ONU de partager la Palestine (29 novembre 1947), il y eut un accord (tacite ?) entre les occupants anglais et les Arabes sur le scénario suivant pour le jour J :
– les Anglais se retirent de Palestine à 23 h 59 ;
– les Arabes envahissent le pays à 0 h 01 ;
– il n’y a pas d’État d’Israël.
À la surprise générale, ce sont les Juifs qui ont gagné !
Mais à quel prix ? Les premières cartes de l’État d’Israël montrent, non pas un pays, mais un chapelet de territoires reliés entre eux par d’étroits couloirs, ou même isolés.
Le colonel Rondot disait : « Vivre en Israël, c’est habiter un appartement dans lequel on vous tire dessus par les fenêtres ! »
Le colonel Rondot évoquait aussi le sort des populations arabes ayant fui les territoires occupés par Israël, avec cette formule : « On les a parqués dans des camps subventionnés par l’ONU, où leur seule activité est de se reproduire ! » (Je crois que le statut de réfugié est héréditaire.)
Le colonel Rondot eut cette phrase prémonitoire : « La question d’Orient (l’occupation des Balkans par les Turcs) a empoisonné le XIXe siècle. La question du Proche-Orient (la haine des musulmans envers Israël) empoisonnera le siècle à venir. »
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