Non, les « boomers » ne sont pas des profiteurs !

Non, les « boomers » ne sont pas des profiteurs !

Né en 1948, je fais donc partie de ces « boomers » que certains hommes politiques accusent d’être en partie responsables de l’endettement de notre pays.

Dois-je avoir honte ?

Je vais vous faire un résumé de mon profil :

Tout d’abord, mon éducation se résume par une phrase que mon père nous répétait : « Gamin, tu veux gagner 1 franc ? Fais le tour de la maison et ramasse les papiers qui jonchent le terrain. »

Traduction : tu veux gagner de l’argent ? alors travaille et, en même temps, respecte la nature. Ce sera le fil conducteur de toute ma vie.

À 11 ans, je connaissais déjà mon parcours : ce sera la technique et je faisais déjà quelques heures, payées 20 centimes de l’heure, dans la petite entreprise que mon père avait créée à la fin de la guerre.

À 16 ans, je suis entré au lycée technique de Montbéliard. À l’époque, dans ces lycées, hormis le jeudi (c’était le jour de repos à l’époque), il y avait 8 heures de cours par jour et 4 le samedi matin.

Pendant que mes copains de classe se promenaient en ville ou à la plage l’été, j’ai continué à travailler dans l’entreprise paternelle, parce que j’en avais envie et que je me faisais ainsi de l’argent de poche.

J’ai appris très tôt, grâce aux conseils du responsable technique de l’entreprise, à utiliser toutes les machines d’usinage : tour, fraiseuse, perceuse et étau-limeur (pour ceux qui connaissent), mais également presse à injecter le plastique.

À l’école, mais ils n’appréciaient pas toujours, j’ai même donné des conseils aux professeurs d’atelier qui n’avaient apparemment pas suivi l’évolution du matériel puisqu’on apprenait sur des tours datant souvent d’avant-guerre.

J’ai décroché à 18 ans mon brevet de technicien et, à 20 ans, un BTS fabrication mécanique. C’était en 1968 (eh oui !). Et j’ai fait partie des 6 élèves sur 66 (2 classes de 33) à obtenir le BTS sur conseil des profs car les « événements » n’avaient pas permis, cette année-là, d’organiser les examens.

1968 a été également une année noire pour l’entreprise de mes parents. En effet, nous produisions des cannes à pêches métalliques dont l’utilisation se concentrait sur mai, juin et juillet. Pour ceux qui s’en souviennent, tous les transports étaient bloqués et l’entreprise a perdu 60 % de son chiffre d’affaires en 68.

Avec le blocage des crédits (le « quoi qu’il en coûte » n’existait pas à l’époque), mon père a été contraint d’arrêter, malgré une précommande importante des États-Unis : pas un centime pour passer un cap financièrement difficile.

À l’époque, on ne déposait pas le bilan et mon père a dû vendre la maison et a payé ses dettes jusqu’à sa retraite (bien entendu à 65 ans).

À la fin de mon service militaire, marié avec un enfant en bas âge, j’ai trouvé immédiatement un travail chez Peugeot. Huit mois après, je créais ULTRALU (voir www.ultralu.com) avec 150 F en poche. J’y ai consacré toutes mes journées de congés, y compris le dimanche, tout en gardant mon emploi chez Peugeot (44 heures par semaine à l’époque) que j’ai quitté en 1976 pour me consacrer entièrement à mon entreprise.

J’ai conservé la « coupe » que m’avait offerte ma secrétaire qui avait compté le nombre d’heures travaillées entre 1972, date de création de mon entreprise, et 1998 : 108 160 heures, auxquelles on peut rajouter autant de 1998 à 2024. Au total, j’aurai donc travaillé environ 200 000 heures, soit l’équivalent de 125 années d’un employé actuel qui trouve souvent honteux qu’on l’oblige à travailler 43 ans !

Ayant vendu mon entreprise en 2012, j’ai accompagné mon repreneur jusqu’en 2019, tout en créant une SAS dans laquelle, à 77 ans, je continue à travailler, par plaisir, en moyenne 20 heures par semaine.

Vous comprendrez alors ma colère lorsque l’on me traite, avec une retraite de 2 200 €, de « profiteur ».

Alors Messieurs les politiciens et profiteurs du système, travaillez la moitié de ce que j’ai fait et la France n’aura plus de problème de dette ! À bon entendeur…

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