Notre « bel aujourd’hui » face à la personne humaine

Notre « bel aujourd’hui » face à la personne humaine

La post-modernité est décidément bien difficile à cerner. On ne saurait dire si l’être humain y est asservi à la déesse Gaïa ou s’il a cessé d’être une part de la nature.
D’un côté, en effet, nos contemporains annoncent avec arrogance ne plus rien devoir aux humiliantes contingences naturelles. Le rêve transhumaniste leur fait croire qu’ils vivront bientôt éternellement, capables de régénérer eux-mêmes leurs organes « hors service ». Mais le rêve ne s’arrête pas là : nous pourrions bientôt pouvoir créer des êtres mi-hommes mi-machines ou assurer la gestation dans des utérus artificiels, loin de la trop charnelle reproduction sexuée.
Bien sûr, ce rêve est d’une part plutôt cauchemardesque et d’autre part souvent farfelu.
Pourtant, il est bel et bien présent ; il sature l’espace médiatique, tant il est porté par des personnes puissantes (et souvent fort intelligentes) comme bon nombre de dirigeants de la Silicon Valley.
Ce rêve techniciste ne date pas d’hier. Jusqu’à présent, les vaticinations des prophètes du « Progrès » ont surtout déclenché l’hilarité de la génération suivante (qu’il suffise de relire aujourd’hui les délires de Saint-Simon – le socialiste, pas le mémorialiste !).
Mais plus nous avançons dans notre connaissance scientifique, plus nous devrions reconnaître combien il nous reste à apprendre : comment prétendre copier la mémoire humaine sur une clé USB quand on ignore presque tout du fonctionnement du cerveau humain ? Comment rêver à l’utérus artificiel quand nous n’en sommes qu’aux balbutiements de la recherche sur les interactions entre le fœtus et son entourage (à commencer par sa mère) ?
Mais le plus curieux, c’est qu’à côté de cette arrogance techniciste, l’espace médiatique est aussi saturé (et parfois par les mêmes !) par un désir de rabaisser plus bas que terre l’intelligence humaine.
C’est ainsi que ceux que l’on appelle les écologistes (et qui ont bien peu à voir avec la science dont ils se réclament) sont des dévots du Progrès (majusculaire bien sûr) tout en jubilant de rabaisser toujours plus bas les capacités de l’être humain.
Comment ne pas voir que c’est absurde et contradictoire ? S’il y a progrès, il vient nécessairement de l’intelligence humaine.
Pourtant, il est vrai que cette post-modernité est traversée par des régressions archaïques.
À force de considérer que l’hom­me n’était qu’une machine interchangeable, nos « progressistes » sont parvenus à ressusciter des fléaux que l’on croyait enterrés à jamais. Des maladies anciennes renaissent en Europe à la faveur des trafics d’êtres humains. Progressivement, l’économie passe de la promotion de l’épargne qui fut à l’origine du capitalisme moderne à la razzia (trafiquants, politiciens et spéculateurs semblent s’accorder sur l’idée que les honnêtes gens n’ont aucun droit sur le bien qu’ils ont patiemment accumulé pour leurs descendants).
Le culte des « minorités » a conduit en quelques décennies la France, jadis le type même de la nation civilisée, à une espèce de culture tribale (et cela ne vaut pas seulement pour les innombrables immigrations non assimilées qui occupent notre sol !).
Surtout, là où la rationalité déserte le débat public (et la triste affaire Delogu l’illustre à merveille : ce député LFI, pur produit de l’effondrement de notre enseignement, nous dit tout uniment qu’il condamne Pétain mais qu’il ignore qui c’est !), c’est la loi de la jungle qui la remplace. Nous y sommes : l’ensauvagement est partout visible.
Serait-ce trop demander que des politiciens et des intellectuels capables d’admirer à la fois la grandeur des capacités humaines et de ne pas en déduire que nous pouvons nous auto-créer à notre gré, sans tenir compte le moins du monde de notre nature !

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