Nouvelle-Calédonie : un air d’Algérie, 70 ans après…

Nouvelle-Calédonie : un air d’Algérie, 70 ans après…

La Nouvelle-Calédonie est en proie à des violences depuis le 13 mai 2024, lorsque la mobilisation des indépendantistes contre une réforme du corps électoral a dégénéré en émeutes, faisant 10 morts – dont deux gendarmes – et plus de 2,2 milliards d’euros de dégâts.
Depuis lors, malgré la présence de quelque 3 500 gendarmes et policiers envoyés de métropole, la situation n’est toujours pas maîtrisée : les barrages se reconstituent à mesure qu’ils sont détruits. La population reste barricadée. La peur s’est installée.
Le plus grave est ailleurs : des faits caractéristiques d’une volonté d’une partie des Kanaks d’engager un processus de « terre brûlée », de rupture avec l’État français, se succèdent depuis le début de ce mois de juillet.
Dans la nuit de jeudi 18 juillet à vendredi, l’église de Vao a été en partie incendiée. Mardi 16 juillet, c’est l’église de la mission de Saint-Louis, berceau du catholicisme dans l’archipel, qui avait été entièrement détruite par les flammes. Les symboles religieux sont devenus des cibles.
Dimanche 21 juillet, le mausolée abritant les restes du grand chef kanak Ataï, figure anti-colonialiste du XIXe siècle, a été vandalisé.
La signification de ce crime mémoriel est double : rupture des jeunes révolutionnaires avec le pouvoir des anciens et leur référence aux anciens chefs ; renversement des traditions kanakes.
« Ces agissements sapent tous ces liens que nous avons durement tissés et construits dans la douleur, depuis des décennies, pour parvenir à bâtir un avenir en commun », a regretté Louis Mapou, le président indépendantiste du gouvernement local.
Comme en Algérie, il y a 70 ans, les Kanaks en révolte – au-delà même du CCAT, Cellule de coordination des actions de terrain, qui a débordé apparemment le FLNKS (lequel agissait en 1988 au travers des « Comités de lutte »), le but recherché désormais est le départ progressif des Calédoniens d’origine européenne, à commencer par ceux dont les racines sur l’île sont récentes (les « z’oreilles », par opposition aux Caldoches, de bien plus vieille souche, qui ont souvent des ascendances mêlées). Un tel exode donnerait aux indépendantistes ce que les trois référendums leur avaient dénié : une majorité, à moyen terme, dans les urnes.
Déjà, les vide-greniers de gens qui quittent l’archipel se multiplient et la misère s’étend.
Jean-Jacques Urvoas vient de déclarer : « Nous avons deux hypothèses devant nous : le statu quo, puisque l’on voit que les barrages se défont et se refont aussi vite, que les incendies et les dégradations continuent. L’autre scénario n’est pas beaucoup plus optimiste : c’est l’escalade. Indépendamment de la présence massive de forces de l’ordre, on pourrait avoir un incident supplémentaire qui embrase un peu plus la situation et l’étende à l’archipel. Donc oui, c’est le chaos et l’État n’est pas à la hauteur de ses responsabilités puisque son principal devoir est de garantir l’ordre public. »
Les élections pour le Congrès et les assemblées de province, qui devaient se tenir en mai dernier, ont été officiellement repoussées à décembre 2024, le temps de faire passer une loi modifiant le corps électoral, qui est précisément celle qui a mis le feu aux poudres au mois de mai. Pourront-elles avoir lieu, sur la base des listes électorales anciennes ? Et, si oui, quels résultats en attendre ?
Résumons. Sur le terrain, c’est chaos et destructions. Comme en Algérie en 1954. Au plan politique, c’est incertitude et statu quo provisoire. Comme en métropole !
Ajoutons que tous les indépendantistes de nos territoires ultramarins observent avec gourmandise ces « événements » de Nouvelle-Calédonie. Tandis qu’à l’ONU, on garde à l’esprit que la Nouvelle-Calédonie a été réinscrite en 1986 sur la liste des territoires à décoloniser.

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Comments (1)

  • KEVIN ET MATTEO Répondre

    Au vu et su de la situation, que la France laisse tomber ce baton merdeux en ne gardant qu’une petite partie du territoire comme base militaire, mais uniquement française et sans autre population (un mur entre les deux). Et comme le disait de Gaule à propos de l’Algérie, alors, “si d’autres veulent prendre notre place, nous leur souhaitons bien du plaisir”. Mais alors, pas question de laisser entrer de soit disant réfugiés et autres “kanako-français” de papiers pour venir à la soupe. Ils nous détestent : noté . Ignorons les après notre départ. Et si certains soit disant français veulent rester là bas pour servir de paillassons : bonne chance, mais qu’ils n’attendent rien de nous qui sommes déjà ponctionnés à “donf” comme disent nos chances. Les “Kangourous” leur tendent les bras : qu’ils se les goinfrent.

    14 août 2024 à 18 h 08 min

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